Les sénateurs se sont prononcés, le 19 janvier, sur la responsabilité des fournisseurs d’accès, de service et d’hébergement. La tendance : durcissement du dispositif et sévérité accrue envers les prestataires techniques du Web.
Après
l’Assemblée nationale, en mai dernier,
c’était au tour du Sénat de se
prononcer, le 19 janvier, sur la responsabilité
des prestataires techniques du Net : fournisseurs
d’accès, de service et d’hébergement.
Résultat : le texte de la commission des affaires
culturelles du Sénat (rapporté par Jean-Paul
Hugot) a été adopté. Et l’esprit
de l’amendement Bloche, voté par les députés,
se trouve largement dénaturé. En clair,
défiance contre les hébergeurs et sévérité
accrue à leur égard.
Le dispositif du député Patrick Bloche
était explicite : les hébergeurs ne
pouvaient être poursuivis que dans le cas où
ils avaient eux-mêmes contribué à
la création du contenu dun site illégal,
ou sils refusaient dobtempérer
à la demande, faite par un juge, de fermer
laccès au site.
Les sénateurs, pour leur part, entretiennent
le flou, puisque les hébergeurs doivent, selon
eux, être poursuivis "sils sont
à lorigine de la transmission ou de la
mise à disposition des contenus, ou quils
ont participé à leur création".
Que doit-on entendre par "mise à disposition
des contenus" et par "transmission"
? Plusieurs interprétations sont possibles
et, à nouveau, une ambiguïté juridique
subsiste
Aux hébergeurs de trancher !
Les autres propositions contiennent également
nombre déléments qui vont, un
peu plus, compliquer la vie des hébergeurs.
Si le texte du Sénat était voté
par lAssemblée, les fournisseurs dhébergement
seraient tenus de révéler lidentité
des auteurs dun site gênant "aux
tiers, justifiant dun intérêt légitime",
et non plus seulement au juge. Les entreprises parodiées,
tout comme les personnes privées estimant que
leur droit à limage a été
violé, pourraient donc faire pression sur un
intermédiaire technique pour obtenir le nom
du véritable coupable ? Sans quà
aucun moment, le juge nintervienne ?
Les hébergeurs auraient également lobligation
globale de fermer un site "sils ont
eu connaissance du caractère illicite des contenus".
Autrement dit, à eux de trancher ! Ils devraient
aussi vérifier lidentité des personnes
enregistrant des sites sur leur serveur... Peines
envisagées pour toute contravention à
ces principes : 50 000 F damende et 6 mois demprisonnement,
assortis de la possibilité dinterdire
lexercice de lactivité
Enfin, les prestataires de services Internet deviendraient
des "sociétés de services de
communication audiovisuelle en ligne" : définition
suffisamment nébuleuse pour permettre de les
placer, un jour, sous la coupe du CSA. Dont act. Ce
texte dune exceptionnelle sévérité
repart maintenant devant les députés
Télécharger le compte rendu des débats sur le site du sénat (format PDF)
http://www.senat.fr/cra/s20000119/s...
Les amendements déposés par Patrick Bloche:
http://www.patrickbloche.org/1/doss...
Texte du projet de loi, déjà adopté par l’Assemblée nationale et transmis au Sénat:
http://www.senat.fr/leg/taan98-325.html