Philipe Ulrich, le gourou de la société de jeux vidéo Cryo, vient de lancer Exxos, un label musical. Son premier coup : le nouvel album... d’Henri Salvador.
"C’était un coup de foudre. Il est venu chez moi et on a déliré jusqu’à deux heures du matin. Le deal était fait." Philippe Ulrich, le célèbre gourou de la société de jeux vidéo Cryo, retourne à ses premières amours : la musique. L’ex-punk, qui a enregistré un album de "variété rock" à la fin des années 70, vient de s’acoquiner avec un partenaire inattendu : l’extravagant crooner exotique Henri Salvador. L’entremetteur est Marc Di Domenico, "un ami et un homme du showbiz, qui a travaillé avec Obispo et Souchon". Quelques semaines auparavant, les deux compères décident de monter un label, baptisé Exxos, dont Ulrich est actionnaire majoritaire. Marc Di Domenico ramène une maquette de trois chansons que Salvador a bricolée chez lui. "Personne n’était intéressé dans les maisons de disques. Moi, j’ai craqué sur la musique. C’était beau, calme, tout ce que j’attendais", se rappelle Ulrich.
Riton french touch
Bien que le dernier opus de Salvador, sorti chez Sony, n’ait pas bien marché, Ulrich met de sa poche pour que la dernière légende de la salsa française puisse enfin faire "l’album de ses rêves". "On se fichait pas mal que certains pensent que tout ça était un peu ringardos", raconte le fondateur de Cryo. Dans son élan, l’apprenti-producteur pense un moment enregistrer au Brésil avec des amis de "Riton", mais l’octogénaire préfère jouer à Paris. Pas de remake français de Buena Vista Social Club, donc, mais un revival ultra-branché qui se profile à l’horizon. L’album, intitulé Chambre avec vue, sort chez Source, une sous-écurie de Virgin connue pour le million d’exemplaires écoulé du premier album de Air, les étalons de la French Touch. "Ca peut paraître un peu bizarre, mais nous voulions un marketing en finesse, pas la grosse cavalerie", justifie Ulrich. Le reste est un conte de fées bien réglé : la séance de photos se déroule à Marseille, "pour donner une touche brésilienne colorée", le clip est confié à Seb Janiac, "un grand qui a tourné pour Janet Jackson et Daft Punk". Enfin, le site internet, luxueux, est réalisé entièrement en Flash.
Un disque d’or pour Noël
Les médias mordent à l’hameçon : JT de TF1 et de France 2, Nulle Part Ailleurs, Ardisson... Résultat : numéro 3 des ventes d’albums en France au bout de quatre jours. Ulrich, qui a programmé ses premiers jeux vidéos en bidouillant de la musique sur un vieil ordinateur Spectrum, ne compte pas s’arrêter là. "Nous voulons aller là où personne ne nous attend." Effectivement, il a craqué pour l’album du fils du mythique batteur jazz André Ceccarelli, qui mélange du Sinatra et des samples. Le côté noir est aussi là, avec Out, un groupe de métal lillois avec lequel il est en pourparlers. Ulrich est sur un nuage. "On espérait que Chambre avec vue soit disque d’or vers début 2001. Mais nous atteindrons ces 100 000 exemplaires en décembre même si on n’en vend plus qu’un par jour d’ici là." Que demander de plus pour Noël ? "Je crois que vais commander le nouveau robot-chien Aïbo. L’année dernière, Sony était en rupture de stock."