Une enquête menée auprès de 2 200 médecins pratiquant l’informatique depuis au moins deux ans montre qu’ils se servent bien de leur ordinateur. Un scoop qui a coûté cher, 4 000 F par sondé, mais qui rassure son commanditaire, le Formmel, chargé de promouvoir l’informatisation des professionnels de la santé.
L’ordinateur est un thème sensible dans la famille des médecins. Ordinateur, ça rime, en termes de santé, avec ordonnances Juppé et télétransmission. Et l’épisode Sesam-Vitale a laissé des marques. Aujourd’hui, on amène le sujet avec délicatesse. Le must : la publication d’études. La petite dernière vient de sortir. Commandée par le Formmel (Fonds de réorientation et de modernisation de la médecine libérale) et réalisée par le Credes (Centre de recherche d’étude et de documentation en économie de la santé), elle veut convaincre les réticents du monde de la santé des vertus de l’informatique. Dixit Marie-Jo Sourty-Leguellec, chargée d’étude au Credes : "Ce n’est pas une étude représentative, c’est plutôt une étude pour encourager les médecins qui hésitent encore." Logique, puisque le Formmel a été mis en place en 1996 par le plan Juppé : un milliard de francs pour aider à l’informatisation des médecins et promouvoir des expériences de réseau. Une prime de 9 000 F était remise aux médecins qui s’engageaient à télétransmettre au moins 50 % des feuilles de soins au bout de trois mois.
6 questionnaires à remplir, 4 000 F d’indemnités
Quelques chiffres puisés dans les 24 pages de conclusions - prélude à un rapport plus fouillé qui sera publié en fin d’année - ne laissent aucun doute quant aux buts de l’enquête : 91 % des médecins jugent l’apport de l’ordinateur positif, voire très positif, dans leur relation avec le patient, même proportion en ce qui concerne le confort de travail. Près de 80 % pensent que l’informatique médicale va avoir une évolution positive à très positive.
À l’appel du Formell, 3 200 médecins se sont portés volontaires en 1999. Pour être accepté, il fallait être informatisé depuis 1998 au moins, avoir touché l’aide à l’informatisation du Formmel, être connecté et utiliser des logiciels d’aide à la pratique médicale. En échange de leur bonne volonté - un questionnaire à remplir chaque mois pendant six mois -, l’organisme a versé à chaque médecin participant 4 000 F d’indemnités. Ils ont été 2 462 à jouer le jeu jusqu’au bout, les généralistes en tête de ligne, avec 88 % de représentants.
Le docteur Richard Bouton, président de MG-France, syndicat de médecins généralistes, mais aussi titulaire au comité de gestion du Formmel s’avoue "heureux de constater que malgré l’opposition à l’informatisation et au système Sesam-Vitale, on obtienne des chiffres si positifs."
Il aura fallu presque 10 millions de francs (faîtes le calcul : 4 000 F multipliés par 2 468 médecins) et un an d’enquête pour arriver à cette conclusion. ...tonnant non ?
Le site du Credes pour télécharger les conclusions de l’étude:
http://www.credes.fr/