Une start-up française, notrefamille.com, a breveté un système de partage de fichiers généalogiques, qui devrait être opérationnel en janvier 2001.
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Récolter 500 millions de noms fin 2001. C’est l’objectif que s’est assigné Toussaint Roze pour le "Napster de la généalogie" qu’il entend lancer en décembre ou en janvier, déjà triplement breveté auprès de l’Institut National de la Propriété Industrielle (INPI). Le jeune fondateur de l’entreprise Infoduc, qui commercialise depuis 1994 un logiciel de généalogie fonctionnant sous Windows, met ainsi le cap sur le très en vogue partage de fichiers.
Cette stratégie vise à créer du trafic vers le site notrefamille.com, où les familles se retrouvent. Toutefois, alors que ce site totalisant 1,2 millions de pages vues (selon l’entrepreneur) reste d’envergure française, le nouveau logiciel sera distribué à part, à l’échelle mondiale. Toussaint Roze garde le silence sur le modèle économique de ce système "peer to peer", mais assure qu’il ne sera pas financé par notrefamille.com : "
Dans P to P, il y a aussi Path to Profitability (voie de la rentabilité)."
Les Mormons, pas si forts que ça
La force de ce logiciel, c’est qu’il permet d’échanger des branches complètes de généalogie. En effet, les bases existantes, notamment celles rassemblées par les Mormons qui sont les champions du genre (ils ont microfilmé la moitié de l’état-civil français), sont surtout des "bases de données d’actes". Elles font état d’une naissance, d’une mort, d’une immigration. Mais elles ne remontent pas une lignée d’ancêtres. Et ne tracent pas non plus sa descendance sur plusieurs générations. Avec un système fondé sur l’échange volontaire entre individus, on peut accumuler des arbres entiers au format standard ".ged", devenu la norme depuis que l’...glise des Mormons l’a mis en oeuvre.
De plus, souligne Toussaint Roze, en vingt ans d’enquête, les Mormons n’ont récupéré que 17 millions de noms. "C’est ridiculement faible, parce que les individus hésitent à confier leurs données à une organisation confessionnelle. On ne sait pas où ça part, ni ce qu’ils font avec ces informations." Aux ...tats-Unis, il n’y a pas de Commission Nationale Informatique et Libertés (CNIL). Des sites (d’obédience mormonne) comme ancestry.com ou myfamily.com, forts de plusieurs millions de visiteurs, n’hésitent pas à graver et distribuer des cédéroms contenant les bases de données nominatives des internautes.
Respect de la vie privée
"Il n’existe plus de big brother chez nous", se défend Toussaint Roze. Le futur logiciel fonctionnera de façon décentralisée, comme Napster, et le serveur central hébergé chez Notrefamille se contentera de rassembler les informations statistiques. Ces "statistiques" incluent le nom de famille, la quantité de noms de famille dans la base et l’endroit de la planète où on peut les trouver. En revanche, elles passent sous silence les actes d’état-civil, la parenté, la filiation, le prénom (qui apparaissent dans les fichiers ".ged"). "Et puis, les internautes pourront contrôler les informations envoyées au serveur, assure Toussaint Roze, car le logiciel est en opensource."
Enfin, bien entendu, Notrefamille s’engage à ne pas commercialiser les données individuelles. Comment gagne-t-on alors de l’argent avec ce logiciel ? Toussaint Roze fait allusion de façon énigmatique au modèle du partagiciel - on paie, selon ses moyens, les logiciels dont on se sert. Croisons les doigts pour la privacy...