Todd Rundgren, musicien cyberphile, et SecureMedia, un système de cryptage et de sécurisation des fichiers multimédia, expérimentent un système de distribution de musique qui combine vente de CD et téléchargement de morceaux inédits.
Abandonner la politique de l’autruche répressive. C’est ce que semble faire peu à peu l’industrie musicale, devant la demande de plus en plus pressante de nouveaux modes de distribution en phase avec la révolution numérique. Petits et grands labels commencent à explorer les modèles qui lui permettront de sauver des revenus désormais menacés par le piratage à grande échelle permis par les systèmes d’échange de fichiers MP3 comme Napster ou Scour. Dans ce contexte, Todd Rundgren, un des premiers musiciens à avoir utilisé Internet et le Web comme médium de promotion et de distribution de ses œuvres, innove une fois de plus en proposant un système qui allie distribution traditionnelle sur support CD et téléchargement de musique numérique.
Offrir un bonus
Le consommateur qui achète le dernier CD de Rundgren peut utiliser ce CD comme clef pour se connecter à un site Web réservé aux fans (acheteurs...) de l’artiste. Là, il devra donner son nom et son adresse mail en échange d’un numéro d’identification unique qui lui permettra de télécharger des morceaux inédits de Rundgren. Ces morceaux inédits ont été sécurisés grâce à un procédé développé par SecureMedia, une start-up américaine : ils ne peuvent être "joués" par un autre utilisateur que le propriétaire du CD. En revanche, ce dernier a la possibilité de faire envoyer à ses amis les versions numériques bridées des morceaux du CD : ceux-ci ne pourront pas être écoutés plus de trois fois. L’intérêt de ce système est qu’il n’est pas uniquement "prohibitif" : il ne se contente pas d’interdire la copie mais il offre à l’acheteur un bonus. On préfère ici flatter le fan que perdre son temps à combattre le pirate. Une stratégie pleine de sagesse quand on sait que, d’après le magazine Salon, le système d’encryptage et de marquage "inviolable" proposé par le SDMI (Secure Digital Music Initiative) a déjà été cracké... comme l’ont été, sont et seront tôt ou tard tous les systèmes de cryptage.
Se passer d’intermédiaire
En outre, le procédé mis au point par SecureMedia permet à l’artiste de contrôler lui-même la distribution de ses titres, sans forcément avoir à passer par les grands labels ou distributeurs. En effet, l’Encrytonite Engine de Secure Media permet un encodage à clef publique simple à utiliser, rapide et hautement sécurisé. L’auteur peut ainsi, sans être un spécialiste des médias numériques, proposer des titres à télécharger tout en en limitant les droits de copie et d’utilisation. Grâce au système d’enregistrement et de délivrance de la clef, il peut également savoir où et par qui sont écoutées ses créations. Bref, l’artiste contrôle enfin la distribution de son œuvre et peut donc se passer d’intermédiaire.
Secure Media
http://www.securemedia.com/
Le site de Todd Rundgren
http://www.rundgren.com/
L’article de Salon sur le craquage de la protection SDMI
http://www.salon.com/tech/log/2000/...
Le site du groupe SDMI
http://www.sdmi.org