Un pool d’institutions financières et de géants de l’industrie lancent au Japon une première banque exclusivement en ligne. Surfant sur la popularité de l’Internet cellulaire, l’établissement devra affronter la méfiance des consommateurs.
Le Net japonais vient de voir débouler sur ses écrans la première banque exclusivement en ligne. La Japan Net Bank compte parmi ses principaux actionnaires Sakura Bank et Sumitomo Bank, deux des plus grandes institutions financières du pays, mais aussi des entreprises comme le fabricant d’ordinateurs Fujitsu, l’assureur Nippon Life Insurance, l’électricien Tokyo Electric Power ou encore NTT DoCoMo, le plus grand opérateur de téléphonie mobile. La Japan Net Bank prévoit l’ouverture d’un million de comptes en deux ans et demi. Un objectif ambitieux dans un pays où les institutions financières, touchées par de nombreux scandales et faillites, se remettent tout juste d’une vague de discrédit. Evelyne Dourille-Feer, spécialiste du Japon au Centre d’études prospectives et d’informations internationales (CEPII) et auteur de L’économie du Japon (éditions La Découverte), revient sur les atouts d’une banque qui va utiliser la déferlante I-mode, l’équivalent japonais du Wap.
Le lancement d’une banque exclusivement en ligne au Japon est-il prématuré ?
Elle va en tout cas profiter de deux mouvements importants au Japon : la dérégulation financière qui fait arriver de nouveaux acteurs dans un secteur auparavant inaccessible aux institutions non-financières ; et l’utilisation grandissante de l’Internet par la population. Cette banque en ligne arrive donc dans un contexte plutôt favorable. Les gens ont envie de changer des circuits traditionnels, surtout les jeunes. Les personnes âgées seront plus frileuses à l’idée d’ouvrir un compte à partir d’un ordinateur ou de recevoir leurs relevés de compte par mail. Mais ce qui va séduire chez cette banque, c’est son originalité.
Les objectifs annoncés ne sont-ils pas trop ambitieux ?
Difficile de dire. Un million de comptes en deux ans, cela paraît beaucoup, mais ils vont jouer sur la folie de l’I-mode. Si les responsables de NTT DoCoMo se sont investis dans ce projet, c’est qu’ils en attendent des retombées. Aujourd’hui, douze millions de Japonais surfent à partir de leur téléphone portable sur un micro-Web qui compte plus de 5000 sites. Les lois sur la sécurisation des paiements en ligne vont de plus contribuer à rassurer les clients potentiels.
Plusieurs institutions financières se sont écroulées ces derniers mois, malgré leur ancienneté et leur réputation. Ce nouvel acteur peut-il tenir la distance ?
C’est un essai, mais il est soutenu par les plus gros opérateurs du secteur. Il bénéficie en outre de coûts fixes assez faibles puisqu’il va utiliser le réseau de succursales de Sakura Bank et les distributeurs des épiceries de proximité. Avec peu de personnel, je pense que cela est jouable. Il faut simplement qu’il cible très bien sa publicité, c’est-à-dire vers les jeunes et les femmes. Dans la société japonaise, ce sont ces dernières qui tiennent les cordons de la bourse dans le couple. Elles boursicotent, investissent dans des terrains. Elles ont perdu gros lors de l’éclatement de la bulle spéculative. Une douche froide que la Japan Net Bank devra leur faire oublier.
http://www.sumitomobank.co.jp/
Sumitoro Bank :
http://www.nttdocomo.com/top.shtml
NTT DoCoMo :
http://www.cepii.fr/
Le CEPII :
http://www.sakura.co.jp/bank/index-e.htm
Sakura Bank :