Les internautes étaient appelés à voter pour élire une partie du conseil d’administration de l’ICANN, organisme responsable des noms de domaine. Le porte-parole d’un groupe de hackers fait partie des élus.
Andy Muller-Maghun, Chaos Computer Club©Maurice Weiss/Transfert |
La consultation "at large" (élargie) de l’ICANN a pris fin mardi 10 octobre au soir. L’Internet Corporation for Assigned Names and Numbers, organisme qui gère les noms de domaine sur le Web (voir encadré), proposait aux internautes d’élire cinq membres (sur 19) de son conseil d’administration. À chaque continent correspondait un élu. Les électeurs européens, en majorité allemands, ont choisi pour les représenter Andy Müller-Maguhn, porte-parole du Chaos Computer Club, groupe "historique" de hackers teutons. Déjà largement en tête lors du premier tour, Müller-Maguhn a remporté la partie européenne du scrutin avec 5 948 voix. Arrivée en seconde position, l’Allemande Jeanette Hoffmann, issue elle aussi du premier tour, a recueilli 2 295 voix. Car c’est tout le paradoxe de ces élections sensées démocratiser l’ICANN : certains candidats, désignés par le conseil d’administration de l’organisme, se présentaient directement au deuxième tour. C’est le cas de trois des cinq nouveaux directeurs : le Ghanéen Nii Quaynor - élu pour l’Afrique -, le japonais Masanobu Katoh, pour l’Asie et le brésilien Ivan Moura Campos, pour l’Amérique Latine. Mis à part Andy Müller-Maguhn, le seul élu issu du premier tour est l’Américain Karl Auerbach, employé de Cisco Systems, qui représentera l’Amérique du Nord.
Progression des scores en direct
Outre la contestable désignation de candidats par l’ICANN, le mode de scrutin en a surpris plus d’un : lors du premier tour, les internautes inscrits à l’élection pouvaient observer en temps réel la progression des scores des divers candidats, ce qui pouvait les décourager de voter pour les candidats ayant récolté peu de voix. Andy Müller-Maguhn, qui se présente comme la voix des internautes citoyens pourra-t-il imprimer ses idées à l’organisation et faire changer les pratiques de l’ICANN ? Rien n’est moins sûr, puisqu’il ne sera qu’un des 19 directeurs. "Il ne vient pas du sérail donc son arrivée ne va pas plaire à tout le monde", confirme Loïc Damilaville, spécialiste des noms de domaine pour qui la présence du hacker "est un bon signe". Pour peu, précise-t-il "qu’il joue le jeu et ne représente pas uniquement les intérêts du Chaos Computer Club".