10/10/2000 • 11h38
ARCHIVES 1.07 - Leçons d’un plantage mondial
Boo.com laissera des traces. Des centaines
de millions de francs avalées. Trois cents personnes au chômage. Dur pour l’image
de la nouvelle économie, encore plus pour tous ceux qui se baladaient avec un business plan sous le bras.
Cela dit, revenons
sur terre : la déroute de boo.com n’est ni exceptionnelle, ni terrible. Dans l’économie qu’on appelle désormais “ancienne", la proportion des jeunes entreprises qui ne fêtent pas leur deuxième anniversaire effraie naturellement tous les banquiers. Le ratio est à peine supérieur avec les start-ups de ladite nouvelle économie. Alors pourquoi tous ces cris ? Quand une société pétrolière fait huit forages à 500 millions de francs pièce pour en trouver un qui “rend", les économistes trouvent cela normal. Quand des financiers placent de l’argent dans huit entreprises Internet en espérant que l’une d’entre elles marche suffisamment pour financer l’ensemble, on crie à l’incompétence... Quand Alcatel perd 70 % de sa valeur boursière, on fronce les sourcils, inquiet pour les économies placées dans cette valeur dite de père de famille. Quand une société Internet fait la même chose, on s’affole et on parle de bulle financière. Quelle logique ?
Les incrédules d’hier, fraîchement convertis à la nouvelle économie, semblent prêts
à renier leur nouvelle idole au premier revers. Or, l’histoire de boo.com foisonne d’enseignements à retenir. Voici un projet qui a cru en sa gloire avant même de commencer. Voici un projet qui a brûlé l’argent comme s’il allait toujours tomber du ciel, en bafouant toutes les règles de prudence en matière de frais généraux.
Voici un projet mal ficelé, mal parti, et dans lesquels les financiers (qui n’avaient
peut-être pas été très bons dans leur rôle d’administrateur), ont su s’arrêter à temps. Ils ont préféré reconnaître leur erreur, et ne pas persévérer. Voici un projet qui montre que tout a des limites, et que les bonnes vieilles règles de base de l’économie (un produit, un marché, des clients) s’appliquent même à l’Internet. On devrait être philosophe. Demain, d’autres sociétés se créeront, dans tous les domaines d’activités. Certaines coûteront fort cher (voyez l’industrie), d’autres seront financées avec les économies de quelques copains.
Il y aura de superbes réussites, et de grands échecs. On appelle cela la vie économique.
Et Internet n’y change rien.
http://www.narconews.com
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