Pierre Schweitzer, designer à l’école d’architecture de Strasbourg et concepteur du @folio, a conçu son livre numérique comme un support nomade entièrement dédié à la lecture. Interview.
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:
Depuis quand travaillez-vous sur ce projet de livre
électronique ?
- C’est un projet qui est né dans un milieu
universitaire. J’ai eu l’idée du
@folio il y a quatre ans. Le produit s’est progressivement
développé grâce au travail de
plusieurs personnes. Chaque année, un étudiant
de l’école traitait un des aspects de
l’objet, comme la question de l’écran
tactile par exemple. Les choix technologiques se sont
ainsi affirmés au fil du temps. La première
maquette, développée techniquement par
l’...cole nationale supérieure des
arts et industries de Strasbourg (ENSAI), a été
terminée au cours de l’année 1997-1998
et c’est là que l’ANVAR (Agence nationale
de la valorisation de la recherche) nous a apporté
son soutien. À l’heure actuelle le livre
n’en est qu’au stade du prototype, nous
avons déposé le brevet, mais pas encore
pris de contact avec des partenaires financiers pour
commercialiser le @folio.
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©
Afolio |
Quelles
sont les spécificités techniques du
@folio ?
- Le livre ne devrait pas peser plus de 800 grammes
et son prix oscillera entre 900 et 1 500 F. Sa taille
est celle d’une feuille de papier au format A5
pliée en deux. Un livre c’est quelque
chose qui ne pèse pas lourd et qu’on doit
pouvoir mettre dans son sac. C’est pour cette
raison qu’on a beaucoup travaillé sur
son design. La conception de l’écran varie
aussi des autres produits existants. C’est une
société italienne qui l’a produit
gratuitement pour nous. Le @folio devrait donc utiliser
un écran monochrome à cristaux liquides.
L’avantage de cet écran est qu’il
est translucide, c’est-à-dire qu’il
utilise n’importe quelle source de lumière
située en dessous de lui, ça peut être
une surface claire, un bureau etc. Le contraste se
fait ainsi par transparence. On se débarrasse
ainsi des trois quarts des besoins d’énergie.
De plus, un capteur (une ampoule à mercure)
situé sur le support change l’état
du contenu lorsque l’on retourne le livre. C’est
pour ça que j’ai choisi d’appeler
le livre @folio parce qu’on peut afficher les
pages en recto verso, soit en le retournant, soit
en appuyant sur son unique bouton. Pour l’instant,
le paradoxe avec les livres électroniques est
que plus la lumière ambiante est puissante,
moins vous voyez sur l’écran à
cause du rétro-éclairage. Le concept
du @folio c’est de privilégier le confort
de lecture.
Quel est alors son intérêt pratique
par rapport à un livre classique ?
- Le @folio est né au sein d’un atelier
de design. Le sujet était de traiter du thème
du confort domestique avec l’arrivée d’Internet.
Lorsque l’on veut consulter du contenu sur le
Web, on est toujours scotché au même
endroit. L’idée, avec le livre électronique,
c’est que chacun fait son livre en fonction du
Web. On transfère du contenu sur le support
pour ensuite pouvoir le consulter où l’on
veut. Ce n’est pas un gadget de plus : vous pouvez
accéder à des contenus qui n’existent
que sur le Web. Je pense notamment à toutes
les publications scientifiques qui sont en ligne avant
même d’exister sur le papier.