Jeff Bezos, le PDG d’Amazon, a "omis" d’inviter un analyste financier à la traditionnelle réunion annuelle. Ravi Suria avait osé publier une étude pessimiste sur les chances de survie du libraire en ligne.
Ravi Suria ne croit pas en Amazon. Dans une étude parue en juin dernier, cet analyste financier de Lehman Brother’s avait écrit que le libraire en ligne - devenu un gigantesque bazar virtuel - sera à court d’argent au début 2001. La publication du document avait provoqué un vent de panique, provoquant une chute de plus de 20 % du cours de l’action Amazon. Depuis, Jeff Bezos nourrit une légère rancœur à l’encontre de Ravi Suria. Et pour se venger de "ces inepties", le patron d’Amazon n’a rien trouvé de mieux que d’ostraciser son détracteur de la réunion annuelle des analystes financiers.
Doutes persistants
Sûr de son fait, Ravi Suria encaisse mal la mesure vexatoire. "Je suis le seul analyste de renom à ne pas avoir été invité. Bezos parle de moi plus que de tout autre analyste et ne m’invite même pas. Je pensais que c’était l’occasion d’avoir des réponses à certaines questions. Mais en fait, Amazon ne répond jamais franchement aux questions." "Nous sommes obligés de limiter le nombre d’invités. Comme dans tout événement, les capacités d’accueil sont limitées", rétorque non sans humour la porte-parole d’Amazon, Lizzie Smith. Et d’ajouter que, même si Ravi Suria n’a pas été formellement invité, il "reste le bienvenu". Le regrettable oubli d’Amazon ne devrait pas arranger les relations entre Jeff Bezos et Ravi Suria. Sur le fond, ce dernier persiste et continue, au fil des interviews, à distiller ses doutes. "Rien n’a changé, nous pensons toujours qu’Amazon aura des problèmes de trésorerie au premier trimestre 2001", dit-il, confirmant les conclusions de l’étude publiée en juin. Selon celle-ci, les efforts d’Amazon pour réduire drastiquement les coûts de fonctionnement ne suffiront pas.