La décision est tombée mercredi 6 septembre en début de soirée. Le juge du district de New York, Jed S. Rakoff, a décidé que MP3.com et son site de stockage et de diffusion musicale, My.mp3.com, devraient dédommager le géant de l’industrie du disque Universal, car il violait "délibérément" la loi du copyright. En effet, la base de donnée de MyMP3.com est composée de près de 80 000 albums, tous copiés illégalement selon le juge Rakoff. La société de San Diego devra donc débourser entre 118 et 250 millions de dollars (entre 825 millions et 1,7 milliard de francs  !). La somme exacte sera déterminée le 13 novembre prochain en fonction du nombre d’albums concernés, sachant que la justice va faire payer quelque 25 000 dollars par album. Universal affirme être pillé de 10 000 albums, MP3.com en reconnaît 4 700.
Pas d’accord à l’amiable
MP3.com doit regretter amèrement de ne pas avoir réussi à arracher un accord à l’amiable à Universal, comme il l’avait fait avec les autres majors de l’industrie musicale (lire Sony Music s’arrange avec MP3.com). Le site californien s’en serait tiré avec la somme déjà rondelette de 20 millions de dollars (140 millions de francs), plus la promesse de rémunérer Universal à chaque fois qu’un utilisateur de MP3.com télécharge un morceau et à chaque fois qu’il le réécoute. Mais la maison de disques, future filiale de Vivendi, flairant la bonne affaire, a refusé d’abandonner les poursuites. Aujourd’hui, même si MP3.com a de confortables réserves et ne risque pas, a priori, de fermer la boutique, c’est un énorme catalogue musical qui lui échappe.
Et Napster ?
"Certaines entreprises de l’Internet peuvent croire que, parce que leur technologie est nouvelle, elle les protège en quelque sorte de l’application normale des lois américaines, comme celles sur le copyright", a déclaré le juge Rakoff. On pense naturellement à Napster. Car MP3.com est loin de représenter une menace aussi redoutable pour le copyright d’Universal que le site d’échange californien. My.mp3.com permet certes de stocker et d’écouter des morceaux à l’envi. Mais à une condition  : que l’internaute insère le CD du morceau qu’il veut télécharger prouvant qu’il le possède déjà, du moins pour la première écoute. Ce système baptisé "Beam-it" permet de retranscrire ses disques laser au format numérique et les écouter en ligne aussi souvent qu’on le souhaite, depuis n’importe quel ordinateur. Mais My.mp3 fonctionne comme une consigne automatique  : il faut un mot de passe pour y accéder et un seul ordinateur à la fois peut l’ouvrir. Enfin, impossible d’introduire ces fichiers musicaux sur les réseaux d’échange comme Napster ou Gnutella. My.mp3 n’est donc pas le fournisseur d’éventuels pirates.