Jason Garber, directeur marketing de The Thirteenth Production Julien Chambaud

6 questions en vidéo à  : Jason Garber, directeur marketing de The Thirteenth Production Découvrez l’ambiance sur le stand

- Pourquoi avez-vous choisi de développer un jeu mettant en scène des hooligans ? - Vous avez conscience que vous allez choquer pas mal de monde avec un jeu pareil ? - Quel public visez-vous ? - Mais vous misez quand même sur une forme de violence suprême... - Vous avez déjà un éditeur ? - Et vous-même, vous avez des tendances hooligan ?

"Votre objectif est de devenir le plus célèbre groupe de hooligans en Europe. Vous devez détruire et tuer les gangs adverses. Vous motivez et contrôlez vos fidèles troupes en leur procurant de la drogue, de l’alcool, et bien sûr, leur dose de violence quotidienne." Hooligans, présenté à l’ECTS, le salon londonien du jeu vidéo, comme un jeu de stratégie en temps réel, ne s’embarrasse ni de scrupules, ni de préjugés moraux : pour vaincre, il faut se comporter comme une brute fascisante. Pour The Thirteenth Production, la boîte hollandaise qui l’a développé, c’est l’originalité du sujet qui prime. "Nous étions fatigués de tous ces jeux qui ont lieu dans le futur, explique le directeur marketing Jason Garber. Toute l’équipe a réfléchi sur un sujet d’actualité, et on a trouvé que les hooligans constituaient une idée intéressante." Tout le monde n’est pas de cet avis : le gouvernement britannique a d’ores et déjà fait savoir que Hooligans - qui doit voir le jour en mars 2001 - aurait beaucoup de mal a être distribué en Angleterre. Ce qui n’inquiète pas trop Jason Garber : "nous sommes en ce moment à la recherche d’un éditeur capable de défendre ce produit à fond, explique-t-il. Et avec Internet, il est devenu très difficile d’empêcher la distribution d’un jeu."

Bière et oriflammes

©The Thirteenth Production

L’œil bleu, une carrure impressionnante - il joue dans le championnat de rugby national hollandais - Jason Garber se présente pourtant comme un non violent convaincu, et tente de mettre en avant l’aspect purement ludique de Hooligans. "Nous savons que beaucoup de gens vont être choqués par le sujet, mais j’essaye de leur expliquer que notre objectif n’est pas d’idéaliser les pratiques hooligans. Les gangs représentés dans Hooligans n’existent pas réellement, tout comme le monde dans lequel ils évoluent. L’intrigue est politiquement incorrecte, mais la façon dont on a traité le sujet est censée faire rire le joueur. Notre cible est clairement celle du jeu de stratégie en temps réel. Et si vous pensez que la violence motive l’achat d’un jeu, alors regardez autour de vous..." Il est vrai que l’ECTS est peuplé d’écrans d’ordinateurs où combattent des guerriers de toutes sortes. Le stand Hooligans se démarque néanmoins des autres : autour d’un comptoir de bois flanqué d’oriflammes noires marquées du chiffre "XIII", le logo du développeur, des crânes rasés se gorgent de bière gratuite et scotchent sur la démo du jeu, diffusée en boucle. On n’est pas loin du rassemblement de skinheads désœuvrés. Derrière le bar, sur l’écran plasma, des scènes du jeu s’imbriquent avec des reportages d’affrontements réels, sur fond d’Ave Maria. Jason Garber a beau tenter de justifier sa production, il est temps de partir. Et ce n’est pas seulement à cause des relents de bière que l’on a la nausée.