La Commission de Bruxelles a émis des réserves sur le projet de fusion entre America Online et Time Warner, jugée anticoncurrentielle dans bien des secteurs.
Arnaud Gonzague |
Le projet était trop gros pour passer à travers les mailles du filet : la direction de la concurrence de la Commission européenne a émis des griefs concernant la fusion entre la première société de l’Internet, AOL et le géant de la musique et du cinéma, Time Warner. Motif ? L’alliance entre les deux colosses contreviendrait aux règles de la concurrence dans plusieurs secteurs. Dans un rapport préliminaire de 45 pages, révélé par Reuters, on apprend que le groupe AOL-Time-Warner, dont la fusion devait prendre effet à l’automne, a une position illicitement dominante, notamment dans les domaines de la musique en ligne et de l’accès Internet à faible et haut débit. Pour que Bruxelles donne son feu vert, il est clair qu’AOL et Time Warner devront céder des pans de leur activité ou quelques parts dans certaines entreprises.
Monopole
C’est en juin dernier que la Commission, aiguillée par des soupçons, avait décidé d’ouvrir une enquête pour y voir plus clair. Ce qui clochait ? Notamment les accords de partenariat passés entre AOL et l’Allemand Bertelsmann, groupe d’enregistrement musical, d’édition et de radio. À l’époque, Bruxelles s’inquiétait que "compte tenu de la richesse du catalogue musical auquel AOL [aurait] accès [après sa fusion avec Time Warner], elle soit en mesure de dicter les normes techniques pour la distribution de musique par l’Internet et de monopoliser le logiciel « music-player »".
Des négociations indispensables
Aujourd’hui, la balle est dans le camp des futurs alliés. "AOL-Time-Warner ont tout intérêt à se conformer aux griefs de la Commission pour sauver leur fusion", explique Amélia Torres, porte-parole de la direction générale de la concurrence de Bruxelles. D’autant que les décisions en matière de concurrence prises par l’Union européenne sont, depuis quelques années, suivies à la lettre aux ...tats-Unis. D’ailleurs, outre-Atlantique, les procureurs fédéraux antitrust, diligentés par la FTC (Federal Trade Commission), l’autorité de régulation du commerce, ont annoncé leur intention de bloquer la problématique fusion. À moins que les deux entreprises n’ouvrent à la concurrence une partie du secteur des lignes câblées haut débit. Time Warner est le deuxième câblo-opérateur américain. Avec AOL, le couple contrôlerait près de 40 % du marché. Là encore, les fiancés devront négocier avant de se passer la bague au doigt.
La Commission européenne:
http://www.europa.eu.int
Federal Trade Commission:
http://www.ftc.gov