Sale temps pour les fournisseurs d’accès. Après OneTel, qui a dû supprimer son forfait proposant une connexion illimitée à Internet, la filiale du britannique Freesurf a déconnecté certains de ses abonnés. Ils ne respectaient pas les restrictions imposées par le fournisseur. Celui-ci, au passage, a commis l’erreur de priver d’Internet des clients "en règle". Pour Benoît Tabaka, président de l’Association des internautes médiateurs (ADIM), la formule de l’Internet illimité ne sera viable que lorsque le dégroupage de la boucle local sera en place.
Arnaud Gonzague |
Vous avez déjà attaqué OneTel en justice. Allez-vous faire de même avec Freesurf ?
Beaucoup attendent de notre association qu’elle attaque Freesurf, d’autant qu’un internaute l’a déjà fait à titre personnel et qu’il a obtenu provisoirement satisfaction. Mais nous n’avons pas l’intention d’intenter un procès, Freesurf nous semble agir correctement pour réparer son erreur.
Le cas de OneTel est différent ?
Tout à fait ! Déjà par le nombre de plaintes. Je n’ai reçu qu’une trentaine de mails concernant Freesurf depuis 15 jours alors qu’au plus fort des réclamations contre OneTel, je recevais un à deux mails par minute ! Mais surtout, Freesurf a rapidement envoyé les données de connexion à ses abonnés mis en cause pour appuyer ce qu’ils considèrent comme une utilisation abusive de leur service. OneTel n’a jamais apporté la preuve à ses clients qu’ils avaient fraudé.
Vous préférez concilier les parties...
Nous cherchons toujours la conciliation. Simplement, avec OneTel, ça s’est très mal passé. Ils ont opposé un non catégorique à la plupart de nos demandes.
Comment expliquez-vous les difficultés rencontrées par les opérateurs proposant des forfaits illimités ?
Il y a deux types de problèmes. Le fournisseur d’accès Worldonline a dû supprimer ce type de formule parce qu’il n’arrivait pas à suivre techniquement, face à l’afflux de clients. OneTel, de son côté, a beaucoup investi dans les machines, mais ils ont été dépassés financièrement, parce qu’ils ont sous-estimé la consommation. Je crois qu’ils ont tablé sur une moyenne de 5 heures par mois... Pour de l’illimité, ça prête à rire !
Le modèle n’est donc pas viable ?
Pour l’instant, ça me semble difficile de proposer un forfait illimité pur et dur. Les opérateurs sont obligés d’encadrer la consommation. Soit en limitant à certaines tranches horaires, soit en restreignant le volume de téléchargement et les usages. C’est la solution retenue par Freesurf. Les fournisseurs ne pourront offrir des forfaits vraiment intéressants que lorsque le dégroupage de la boucle locale aura été mis en place [NDLR : France Télécom n’aura plus le monopole des communications locales]. On attendait le décret ministériel en juillet. Comme il a pris du retard, les nouvelles offres de forfaits illimités devraient voir le jour au printemps prochain.
Pensez-vous que les fournisseurs aient cherché à anticiper le dégroupage ?
J’imagine que oui. Selon moi, c’est la raison pour laquelle AOL communique essentiellement sur un forfait illimité avec un abonnement sur deux ans. Ils se disent qu’ils peuvent perdre de l’argent sur les premiers mois et se rattraperont ensuite.
Comme l’a révélé notre confrère ZDNet, la société OneTel a obtenu des hébergeurs Multimania et Geocities qu’ils bloquent provisoirement l’accès à des sites qui la critiquaient et reprenaient son logo. Qu’en pensez-vous ?
Je ne crois pas que ce soit une très bonne publicité pour OneTel.