Le Français Ubi Soft rachète Red Storm, un éditeur de jeu américain, co-fondé par l’écrivain Tom Clancy. Montant de l’opération : 45 millions de dollars. Yves Guillemot, PDG d’Ubi Soft, s’explique sur sa politique d’acquisitions.
Yves Guillemot, PDG d'Ubisoft© Ubisoft |
L’ogre Ubi Soft a toujours faim, et il vient de le prouver en achetant l’éditeur américain Red Storm pour un montant de 45 millions de dollars (328 millions de francs). Red Storm édite notamment Rainbow Six et Rogue Spear, deux jeux de stratégie action qui représentent des ventes cumulées de plus de 3 millions d’exemplaires. La rumeur qui a fait monter le prix de l’action Ubi Soft au cours des dernières semaines était donc fondée : l’éditeur français - 1,2 milliard de francs de chiffre d’affaires - a donc mis la main sur le onzième éditeur américain. Ce dernier emploie une centaine de personnes et réalise un chiffre d’affaires de 52 millions de dollars (380 millions de francs). Red Storm est amené à devenir une filiale à 100 % d’Ubi Soft, mais demeure une société indépendante. Selon Ubi Soft, " la majorité des équipes Red Storm Entertainment reste en place " à Morrisville, en Caroline du Nord. En avalant Red Storm, Ubi Soft renforce sa position aux Etats-Unis, trouve un partenaire pour le développement de jeux on-line et élargit sa population de joueurs. La société s’arroge en outre les droits pour les jeux de Tom Clancy, fondateur de Red Storm, et auteur de " à la poursuite d’Octobre Rouge ", best seller international.
Interview d’Yves Guillemot, PDG d’Ubi Soft
- Ubi Soft vient d’acquérir Red Storm. Sur quels critères avez-vous choisi cette société ?
Red Storm est un éditeur qui nous permet de toucher une cible différente de la nôtre : nous n’étions pas très impliqués dans les jeux d’action/stratégie. Avec Tom Clancy, nous avons une marque assortie de produits à succès. En étendant notre gamme de produits à cette catégorie de joueurs, nous devenons donc un très gros acteur dans ce domaine, voire le leader.
- Le fait qu’ils soient fortement implantés aux ...tats-Unis est un autre avantage...
Absolument. Cela nous permet de nous renforcer outre-Atlantique. Mais nous sommes déjà bien implantés, puisque nous espérons faire plus de 100 millions de dollars de chiffre d’affaires sur l’exercice en cours, ce qui représente une très forte croissance sur le marché américain, avant même l’acquisition de Red Storm.
- Quelle est la position de Red Storm ?
Ils sont onzièmes sur le marché US, et font plus de 70 % de leur chiffre d’affaires sur place.
- Cette nouvelle acquisition vous positionne-t-elle différemment sur le marché français ?
Je ne pense pas que cela change notre position à court terme. Mais notre objectif étant d’être dans le top 5 des éditeurs mondiaux en 2006, cela nous fait aller un peu plus vite. Et je ne pense pas que nous trouverons alors trois éditeurs français en tête du hit-parade mondial.
- Il y a eu beaucoup de rumeurs à propos d’Ubi Soft ces derniers temps. Est-ce que le rachat de Red Strom met un frein aux acquisitions d’Ubi Soft ?
Notre politique d’acquisitions sélectives est une politique de base. Nous allons en faire régulièrement. C’est comme ça que nous pensons croître. Notre objectif est d’atteindre 50 % de croissance par an dans les années à venir : 30 % en interne, et 20 % en externe. Cela implique pas mal d’achats de sociétés de taille moyenne. Nous sommes donc attentifs aux opportunités en Europe et aux ...tats-Unis pour la production, et sur d’autres pays pour la distribution.
- Eidos vous intéresse ?
Nous discutons avec eux, mais les prix avancés sont trop éloignés de ce que nous pouvons payer.