Dura lex, sed lex
Dernier obstacle, pas des moindres : en France, la loi sur le prix unique du livre interdit aux libraires de faire des rabais de plus de 5 %. Or le discount est la méthode de conquête commerciale favorite du marchand aux ...tats-Unis. " Amazon est une société française qui respectera scrupuleusement les lois françaises ", a martelé Denis Terrien, le président, en soulignant que l’exemption de frais de port ne devrait durer que jusqu’en octobre. Amazon va plus loin et respecte jusqu’aux " normes éthiques " du pays où il s’installe, a ajouté Jeff Bezos. La preuve : une réglementation similaire existe en Allemagne, où Amazon se conforme à l’esprit des lois sans tenter de les contourner.
Pour gagner des parts de marché, l’entreprise mise plutôt sur la qualité de service, la facilité d’utilisation du site Web avec des méthodes comme l’achat en un clic, et la richesse du contenu éditorial. Elle table aussi sur le nom " Amazon ". Jeff Bezos a réitéré, par ailleurs, qu’il y avait de la place pour tout le monde sur ce nouveau marché : " Personne n’a besoin de perdre pour que nous gagnions. " Certains voudront peut-être le croire ; y croit-il lui-même ?
Le succès est ailleurs
Mais le succès commercial d’Amazon n’est pas forcément lié à la vente de livres français en France. Il y a plus de cent millions de francophones résidant en dehors du pays. Ils sont souvent connectés à Internet, et accèdent à un choix de livres limité. D’autre part, les centaines de milliers de Français qui achètent sur Amazon.com des livres en anglais seront certainement ravis d’obtenir ces ouvrages plus vite, au prix américain (synonyme de : bradé). Il y a déjà 700 000 références anglophones sur Amazon.fr.
Il ne reste plus qu’à regarder si la mayonnaise prend au pays de l’exception culturelle. On parie que Jeff revient frimer dans six mois, le triomphe aux lèvres, mais sans un chiffre de plus ?