L’organisation terroriste basque ETA découvre Internet. Les indépendantistes utilisent le Réseau pour diffuser leur idéologie et recruter des jeunes.
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Rappelle-toi. Nous ne cherchons pas des gens qui pensent, mais des militants qui assassinent." Cette prose extrémiste est disponible sur le site de
Haika, l’organisation qui regroupe les jeunes du parti Euskal Erritarrok (EH), bras politique de l’ETA, et leurs homologues français de Gazteriak. Le site propose un véritable petit manuel du militant basque. Tout y passe : consignes politiques, instructions pour intégrer un groupe de "
violence urbaine", quels médias croire ou ne pas croire, comment s’habiller et même comment se coiffer.
Alors qu’une nouvelle série d’attentats attribués à l’ETA a déjà causé la mort de quatorze personnes en Espagne, les indépendantistes basques s’activent également sur le Net. Depuis qu’elle a rompu une trêve de 18 mois en décembre 1999, l’ETA s’affiche ouvertement sur la Toile pour expliquer ses actions et pousser les plus jeunes à rejoindre son combat. Soit en tant que simple militant, soit en tant qu’activiste prêt à brûler des bus, à lancer des cocktails Molotov, voire à poser des bombes devant des banques ou des sièges de partis politiques.
Hébergés par Lycos et Terra !
Logo de la campagne ¡Basta Ya! contre les attentats de l'ETA, que l'on retrouve sur de nombreux sites espagnolsDR |
Hébergé par Angelfire.com, qui appartient à Lycos, le site de Haika, regroupe des dizaines de messages d’encouragements ou de félicitations venant des quatre coins de l’Espagne et du monde : "
Si vous préparez une action violente, vous pouvez compter sur moi" (Omar, Madrid), "
Indiquez-moi où trouver les substances chimiques pour faire des cocktails Molotov" (Ignacio, Barcelone). Et pour contacter les dirigeants de Haika, pas de problème : un mail est disponible sur le site, avec une adresse se terminant en ole.com, appartenant au géant de l’Internet espagnol Terra. La présence de deux acteurs institutionnels du Web espagnol dans cet appel au terrorisme peut surprendre. Chez Lycos Espagne, on s’empresse donc de préciser que le site d’Haika est hébergé aux ...tats-Unis. "
Si nous en avions les moyens, nous fermerions aussitôt ces pages personnelles. Hélas, nous n’avons aucun pouvoir sur les activités d’Angelfire", explique Ana Belén, responsable de la communication.
Expression politique ?
...galement hébergé chez Angelfire.com, un autre site, Euskal Histerikos (Basques hystériques), ne s’occupe pas de recrutement mais d’"expression politique". En ouverture par exemple, se trouve une vignette demandant la libération des " prisonniers politiques, incarcérés pour avoir tué des rats ". Dans la section Société s’étalent des arguments douteux pour un ...tat Basque regroupant les Pays Basques espagnol et français, "même si eux ne le veulent pas". À noter que ces sites, qui expliquent en long, en large et en travers qu’il faut manger, boire, lire, écouter et parler basque sont rédigés en... espagnol. "Une langue de m...", selon les responsables de Haika.