Un mois avant le début des Jeux olympiques de Sydney, le Comité international olympique vient d’interdire la retransmission des épreuves sur Internet. Une décision qui ne plaît pas à la Commission européenne.
Pas de JO pour Internet. Ainsi en a décidé le Comité international olympique (CIO), qui mise tout sur la télévision et laisse tomber le Web. Il est vrai que les 220 chaînes qui ont acquis les droits de retransmission des XXVIIèmes Olympiades (qui se dérouleront à Sydney du 13 septembre au 1er octobre) ont dû débourser la modique somme de 1,3 milliard de dollars chacune (environ 9 milliards de francs). Les internautes pourront tout de même suivre Marie-José Pérec ou l’équipe de France de handball... dans les vestiaires et à l’échauffement. Mais en aucun cas ils n’auront accès ne serait-ce qu’à des extraits en différé d’une seule épreuve.
Plainte pour "non-respect de la circulation des informations"
Une décision prise par le président du CIO en personne, Juan Antonio Samaranch, après concertation avec... les chaînes de télévision. "La technologie nécessaire pour retransmettre des images de qualité des JO n’existe pas", s’est justifié Dic Pound, vice-président du CIO chargé des négociations des droits de retransmission. Pendant que plus de 200 médias télévisés diffuseront 36 000 heures de sport, Internet restera donc muet et aveugle. Pour tenter de débloquer cette situation, l’Union européenne, par l’intermédiaire du commissaire chargé du commerce, Pascal Lamy, a décidé de porter plainte devant l’Organisation mondiale du commerce (OMC) pour "non-respect de la circulation des informations".
Le CIO s’était déjà illustré cette année en refusant d’accréditer plusieurs journalistes qui travaillent pour le Web. Il y a quelques semaines, Juan Antonio Samaranch expliquait sur le site du CIO : "Le monde de l’information évolue sans cesse. C’est la raison pour laquelle le CIO a signé avec les organismes de télévision des contrats à long terme relatifs aux droits de retransmission. En ce qui concerne Internet, que se passera-t-il dans quelques années ? Qui peut le savoir ?"
Personne n’a encore de réponse à cette question, mais nombreux sont ceux qui y travaillent. La chaîne américaine NBC (détentrice des droits des JO pour les ...tats-Unis), en partenariat avec le site d’informations sportives quokka.com, teste depuis plusieurs semaines des retransmissions vidéo de compétitions sportives. Les résultats sont un peu décevants pour le moment d’après les deux sociétés, qui espèrent tout de même arriver à améliorer leur technologie pour les prochains Jeux d’hiver de 2002. En attendant, le CIO organise une conférence sur les droits de retransmission sur Internet au mois de décembre prochain, afin de "réfléchir sur l’émergence des nouveaux médias et leurs conséquences sur le sport". Tout un programme.