À moins d’obtenir en appel la suspension du jugement qui lui intime de fermer ses serveurs, Napster devra se conformer à cette décision à partir de vendredi 28 juillet, minuit - heure locale. Pendant ce temps, sur le Réseau, la résistance s’organise.
"Pour la dernière journée d’activité de Napster, je propose qu’on télécharge autant de morceaux de Metallica que possible, qu’on aime, ou pas." Le message, posté sur le newsgroup alt.music.mp3.napster, est mi-sincère, mi-cynique. Il traduit en tous cas la colère des utilisateurs de Napster, qui s’organisent sur le Réseau depuis qu’une décision de justice oblige la société à fermer ses serveurs, le temps de trouver un règlement dans le conflit qui l’oppose à la RIAA (Recording Industry Association of America). Pour les amateurs de téléchargement de musique, le coup est rude dans la forme, mais ne change rien au fond, et les centaines de messages indignés qui inondent le forum de discussion depuis deux jours regorgent de solutions alternatives. Parmi celles-ci, on trouve Gnutella, dont le site n’a jamais drainé autant d’internautes que depuis la décision de justice concernant Napster. La nouvelle adresse que les internautes s’échangent : napigator.com. Le site propose un logiciel bien pratique, puisqu’il permet d’accéder à des serveurs alternatifs qui fonctionnent avec le programme Napster. Moralité : les serveurs estampillés Napster auront beau être fermés, le logiciel, lui, continuera à fonctionner...
Contourner les serveurs
La sanction ressemble donc à un coup d’épée dans l’eau, d’autant plus que des sites Web, comme sharetraxx.com, spamment désormais les serveurs Napster en associant leur adresse à de faux morceaux MP3. "Napster est fermé ? Venez faire un tour sur notre site", expliquent-ils. Vérification faite, sharetraxx.com propose de faire de l’échange de MP3 en ligne : il suffit de taper le nom d’une chanson pour que le moteur de recherche rapatrie les utilisateurs qui la possèdent, révélant du même coup leur adresse IP. Un clic plus loin, le téléchargement peut commencer, directement d’ordinateur à ordinateur. Serveur ? Vous avez dit serveur ?
"Buycott" contre boycott
Dans le même temps, les réactions indignées pleuvent. En attendant de savoir si l’appel de la décision de justice sera accepté, Napster invite ses membres à écrire aux majors pour les rassurer, et à organiser un "buycott" de leurs disques. Il s’agit d’acheter en un week-end un maximum de CD d’artistes ayant supporté Napster pour montrer que les napsteriens apportent leur argent à l’industrie musicale. À l’inverse, de véritables appels au boycott lancés par les utilisateurs circulent sur Internet. Un site hébergé par pro-board.com revendique plus de 46 000 signataires qui s’engagent à ne plus acheter de CD durant toute la période de fermeture des serveurs Napster. Qu’importe : durant la durée des sanctions, le téléchargement reste ouvert...