Après Siris, Completel vient de se retirer, laissant la Corse et l’Auvergne sans opérateur régional. Et des raisons de craindre l’apparition de futurs monopoles locaux.
La Corse et l’Auvergne n’ont décidément pas de chance. L’opérateur Siris, filiale de Deutsche Telekom, qui s’était estimé lésé avec l’obtention d’une boucle locale radio (1) dans ces régions au lieu des 22 demandées, était le premier à se retirer la semaine dernière. Aujourd’hui, c’est au tour de Completel de quitter l’arène. Conséquence : la Corse et l’Auvergne n’ont, pour l’instant, plus d’opérateur régional ; le Limousin et la Franche-Comté n’en ont plus qu’un. "L’Autorité de régulation des télécommunications (ART) va devoir lancer de nouveaux appels à candidature à l’automne : deux pour la Corse, deux pour l’Auvergne, un pour le Limousin et un pour la Franche-Comté" commente Jean-François Hernandez, porte-parole de l’ART. Chez Completel, aucun argument ne vient justifier le désistement. Le service de communication précise que la direction ne souhaite pas faire de commentaires. Néanmoins, d’après l’ART, "Completel considère que les objectifs de couverture que la société avait présentés ne sont pas compatibles avec ses prévisions financières."
Service minimum
Dans les régions concernées, on est à la fois déçu et peu surpris : "Le Limousin n’est pas un territoire qui attire, explique Brigitte Jammot, directrice du cabinet du président du Conseil général de la Creuse. Si l’on ne réagit pas, nous serons mis à l’écart en matière de boucle locale comme cela a été le cas pour les autoroutes de l’information." Pour Pierre-Henri Gaudriot, vice-président du Conseil général, "un monopole va s’imposer d’autant plus facilement qu’il y a peu d’opérateurs en lice". Surtout s’il n’y en a qu’un...
Résultat : les régions les moins favorisées au niveau du réseau déjà en place pourraient connaître une sorte de service minimum. Car rien ne garantit que de nouveaux candidats répondent au futur appel d’offre. Certaines régions pourraient ainsi n’être dotées que des deux opérateurs nationaux qui ont été alloués à l’ensemble du territoire national. Pour parer une telle situation, le Conseil général de l’Allier propose une intervention de l’...tat. "Nous souhaitons que les pouvoirs publics interviennent afin que d’autres opérateurs ayant remporté des marchés dans des zones à haute densité soient en retour incités à s’intéresser à des territoires tels que les nôtres", dit Stéphane Javaloyès au nom du Conseil général de l’Allier. L’ART, de son côté, "ne doute pas que des candidats répondront au prochain appel à candidature". Tant qu’il y a de l’espoir...
(1) La boucle locale est le support qui relie l’abonné au téléphone à l’opérateur de téléphonie. En France, il s’agit généralement des fils de cuivre qui relient la prise téléphonique au central de France Télécom. La boucle locale radio est un moyen pour un opérateur de télécommunication de relier directement l’abonné à ses équipements en passant par une liaison radio (faisceau hertzien peu onéreux, car sans génie civil) au lieu d’utiliser les fils de cuivre. Cette technologie permettra de choisir son opérateur de télécommunication, qui pourrait ne pas être France Télécom...
http://www.art-telecom.fr/
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