Sous-terre est une plongée angoissante dans les couloirs du métro. Un site expérimental réalisé par un jeune cyber-artiste pour le centenaire de la RATP.
Cent ans déjà que le métro parisien vadrouille dans les entrailles de la capitale. Attente, puanteur et lumières blafardes, transpiration ou grises mines du matin. Le train souterrain n’a pas vraiment bonne réputation. Le site Sous-terre n’a pas vocation à le réhabiliter mais vise plutôt à proposer un regard différent. Pour ce site expérimental, la RATP a laissé carte blanche à Grégory Chatonsky, un jeune cyber-artiste. "J’ai commencé à y penser quand je travaillais sur un CD-Rom traitant de la Shoah. Je cherchais des images d’archives du métro pour raconter le retour des déportés et je me suis aperçu que la RATP possédait une collection inouïe de photos et documents."
Deux ans plus tard, il tape à nouveau à la porte de la RATP pour leur proposer un projet : raconter le métro par des photos d’archives, sans prétendre à l’historicité. "Plutôt laisser l’imagination se débrider ", explique Grégory Chatonsky. Justement, la RATP fête son centenaire et a déjà proposé à plusieurs artistes contemporains de s’associer à l’événement. Et le projet d’un site les emballe.
Témoignages d’internautes
Le résultat surprend, angoisse même. Les couleurs oscillent entre bleu foncé et noir total, la musique inquiète, les voix résonnent. "Ce n’est pas un site à la gloire du métro. Mais je voulais montrer que dans l’enfermement d’une station, des histoires se vivaient, plein de choses se passaient. Un peu comme sur Internet." Sous-terre interpelle les internautes, les questionne sur leurs souvenirs, leurs angoisses ou leurs premières fois. "J’ai reçu près de 200 réponses qui parlent de solitude mais aussi de l’espoir de réussir à communiquer dans le métro."
Pour s’imprégner de l’atmosphère suburbaine, Grégory a plongé pendant deux semaines. Des journées entières passées sur les bancs du métro, des nuits aussi, au côté des machinistes et des balayeurs : "J’ai été surtout impressionné par les ouvriers chargés de la réfection des voies. Ils abattent un travail titanesque, dans le bruit et la sueur. C’est vraiment du Zola." Le projet ne s’achèvera pas avec les cent ans du métro. Dès la rentrée, les histoires envoyées par les internautes seront mises en ligne, et peut-être même scénarisées.