À l’approche des élections municipales, les candidats commencent à préparer leurs sites de campagne. Seul problème : leurs patronymes sont souvent déjà squattés par des internautes prévoyants...
©Krassovsky/transfert |
Jean-Dominique Giuliani, conseiller municipal UDF (Union démocratie française) du VIème arrondissement de Paris s’est lancé dans une vaste chasse sur le Web. Son but : récupérer tous les noms de domaine utilisant le patronyme de Philippe Seguin. Fidèle supporter du candidat RPR à la mairie de Paris, Giuliani entend bien monter, d’ici septembre, son site de campagne. "
Philippe Seguin est assez convaincu de l’utilité d’Internet et de la nécessité d’encourager la diffusion des nouvelles technologies. Il fera d’ailleurs des propositions dans ce sens" avance-t-il.
"La chèvre de M. Seguin"
Alors, depuis trois mois, il prend sa chasse aux noms de domaine très au sérieux. "On a contacté tous les petits malins qui ont déposé les noms et on essaye de régler ça à l’amiable. Dans l’ensemble, cela ne se passe pas trop mal", explique-t-il. En effet, à sa grande satisfaction, la plupart des squatteurs contactés par mail ont accepté de rendre les noms. Après avoir cédé, ils ont tous reçu (les veinards !) une lettre de remerciement signée par Philippe Seguin. Parmi les noms récupérés, on trouve déjà pêle-mêle : "philippe-seguin.com", "philippe-seguin.net", "philippeseguin.com"... qui viennent s’ajouter à ceux déjà déposés par Jean-Dominique Giuliani comme "philippeseguin.org", "philippeseguin.net", "seguin2001.net", "seguin2001.org".
Mais la quête de Giuliani n’est pas terminée : "seguin2001.com" résiste encore. Les heureux possesseurs de l’url - des étudiants lyonnais - ne semblent pas très pressés de s’en débarrasser. Contactés une première fois, puis une deuxième, les jeunes gens n’ont jamais répondu aux avances aimables de Jean-Dominique Giuliani. Les squatteurs malins ont même changé plusieurs fois le site. La dernière modification en date présente une page blanche qui affiche : "bienvenue sur le site de la chèvre de M. Seguin". L’affaire est maintenant entre les mains d’un avocat. "Philippe Seguin a un droit d’usage de son propre nom que l’on ne peut lui contester" explique Jean-Dominique Giuliani qui affirme vouloir éviter un procès inutile. Quant au nom de domaine "seguin.com", il aura bien du mal à le récupérer puisqu’il est déjà utilisé par Mail Bank. Cet hébergeur américain a déposé une multitude de noms de domaine et propose aux internautes des adresses Web personnalisés comme "paul.seguin.com" ou encore mary@seguin.com. Un patronyme fort répandu !
Chirac2002.com, un nom recherché
Autres élections, autres histoires : même si les présidentielles ne sont pas encore à l’ordre du jour, les noms de domaine des futurs présidentiables sont déjà activement recherchés. Xavier Schallebaum, ancien webmaster du site de l’...lysée et aujourd’hui directeur associé d’Apollo Invest, est ainsi, depuis janvier 2000, l’heureux possesseur de quasiment toutes les déclinaisons du nom du président Jacques Chirac. Le jeune homme affirme ne vouloir tirer aucun profit de cette initiative : "Je viens d’ailleurs de rétrocéder tous les noms au directeur de cabinet du président de la République, Bertrand Landrieu. Les modifications ont déjà été faites auprès de Network solutions." Une seule appellation manque au palmarès de l’ancien webmaster : "Chirac2002.com". Elle est la propriété d’un autre habitué du Web, Olivier M., rédacteur en chef du site gay.com (lire Le Web drague les gays). Déposée il y a un peu moins de deux ans, l’adresse Internet affiche une simple page de présentation aux accents humoristiques. "Quand j’ai vu tout ce qui se passait aux ...tats-Unis autour des noms de domaine, j’ai testé des patronymes d’hommes politiques. Chirac2002.com était libre alors je l’ai pris et j’ai mis en ligne une page de présentation en attendant" explique Olivier. Mais voilà, son bien fait des envieux. Xavier Schallebaum lui a fait une offre de rachat, il y a quelques mois, mais sans succès. "Je ne l’ai pas déposé pour spéculer sur une éventuelle vente" précise-t-il. Olivier a même reçu un mail de Network Solutions, l’organisme auprès duquel il a enregistré le nom de domaine. La société lui demandait de bien vouloir confirmer le changement du nom de propriétaire de l’url et le numéro de serveur. Olivier n’avait pourtant rien demandé et le nom du nouveau propriétaire n’était autre que... celui du directeur de cabinet du président de la République. Quelqu’un tenterait-il de s’approprier en douce - et de façon plutôt maladroite - son nom de domaine ? Rien n’est impossible dans un si petit monde.
http://www.jd-giuliani.org
http://www.jd-giuliani.org
http://www.seguin.com
http://www.seguin.com
http://www.chirac2002.com
http://www.chirac2002.com