Le Réseau Voltaire dénonce les liens entre l’organisation catholique Opus Dei et Edunet, un logiciel de filtrage des sites pornographiques ou violents, bientôt sur le marché.
Difficile d’imaginer ses enfants en train de surfer gaiement entre moncul.com et piquouze.net. Encore faut-il savoir à qui l’on confie le filtrage de leur navigation. Le Réseau Voltaire, association pour la liberté d’expression, vient de mettre en évidence le lien entre Edunet, un logiciel de filtrage des contenus violents ou pornographiques, et l’Opus Dei.
"Le contenu d’un logiciel de filtrage peut être idéologique"
Fondée en 1928 par Josémaria Escriva de Balaguer, un jeune prêtre espagnol, béatifié par Jean-Paul II en 1992, cette organisation catholique se présente comme une simple prélature dont les membres tentent d’évangéliser le reste du monde. Depuis 80 ans, l’Opus Dei s’est surtout illustré par ses prises de positions ultra conservatrices et son entrisme massif parmi les hauts fonctionnaires espagnols sous le régime franquiste. De quoi inquiéter le Réseau Voltaire : "Alors que la nouvelle loi sur la liberté de communication rend obligatoire la mise à disposition de logiciels de filtrage, une seule société dispose d’un annuaire de filtrage francophone efficace. Elle s’appelle Edunet et elle est gérée par Albert Navarro, un cadre de l’Opus Dei." Et Thierry Meyssan, le président de l’association, d’ajouter : "Les parents doivent comprendre qu’un logiciel de filtrage n’est pas neutre et que le contenu peut être très idéologique."
Quid des sites de lingerie ?
Chez Edunet-France, on ne nie pas l’appartenance à l’Opus Dei des dirigeants de la société domiciliée à Saint-Sébastien (Pays Basque espagnol). Mais on dénonce un amalgame entre vie privée et vie professionnelle. La ligne de défense est maîtrisée et les réponses mesurées. "Notre appartenance à l’Opus Dei n’a pas d’influence sur le logiciel de filtrage que nous proposons", explique Albert Navarro, qui développe le concept pour la France depuis janvier 2000. Les sites inaccessibles sont classés en six catégories : pornographie, sectes, violence, racisme, explosifs et drogues. La question "bloquez-vous des sites violemment anti-religieux ?" entraîne inévitablement une réponse négative. Tout sourire, Albert Navarro raconte même avoir été contacté par une école catholique souhaitant empêcher l’accès à un site de lingerie féminine. Réponse d’Edunet, selon son représentant : "nous l’empêcherons quand les catalogues La Redoute seront interdits."
Pour l’instant, il est difficile de mesurer l’influence de l’Opus Dei sur la sélection. Mais au moment de choisir Edunet, les internautes y réfléchiront peut-être à deux fois.