Le rachat de Broadcast.com par Yahoo est passé presque inaperçu en France. Alors que le montant de cette vente est de 40 % plus élevé que celle de Nissan par Renault...
On a peu parlé en France du rachat de Broadcast.com par Yahoo !. Une acquisition de plus en Silicon Valley, ont dû penser la plupart des spécialistes économiques de la presse hexagonale (à l’exception notable des quotidiens économiques). Ces mêmes spécialistes étaient trop occupés à écrire sur un événement, très important, il faut le reconnaître, pour l’économie nationale : le rachat partiel de Nissan par Renault pour quatre milliards de dollars (4,4 milliards d’euros, ou 24 milliards de francs).
Pourtant, l’opération menée par Yahoo ! méritait plus que quelques lignes. Elle est le symbole de ce qui est en train de se passer dans l’économie américaine sans que nos élites, politiques ou médiatiques, semblent en avoir pris conscience : une entreprise de trois ans rachetant une entreprise de deux ans (et pas encore un dollar de profit) pour... 5,7 milliards de dollars (6,2 milliards d’euros, 34 milliards de francs). Peu importe que l’opération ait eu lieu par échange d’actions (en passant, cela rend l’opération encore plus incroyable puisque cela met en évidence la stupéfiante valorisation boursière de Yahoo !). L’important est qu’elle ait eu lieu. Et, comme l’ont annoncé des représentants de la direction de la société californienne, que d’autres acquisitions vont suivre.
Yahoo ! a été créé par deux étudiants sortis de l’Université de Stanford. Leur premier soutien : Marc Andreesen, vice-président de Nestcape, et seulement 25 ans à l’époque. Un appui suffisant (père du logiciel Netscape, Andreesen est un baron de la Silicon Valley) pour que les capitaux risqueurs jouent gros sur la petite société, sans trop se poser de question. Trois ans plus tard, le pari est gagné, quoi qu’il arrive. Non seulement Yahoo ! est l’une des marques les plus connues de l’Internet, et Yahoo.com l’un des sites les plus fréquentés du monde, mais la valorisation boursière de l’entreprise est une véritable provocation, avec un cours ayant été multiplié par plus de 50 depuis son introduction au Nasdaq.
Si vous êtes sur Internet et que vous suivez le domaine depuis quelque temps, nous ne vous apprenons rien. Mais ne trouvez-vous pas étonnant le quasi-silence des médias français sur cet événement qui dépasse largement en valeur l’opération Renault-Nissan, et est au moins aussi forte en symbole : les vieilles valeurs ne dominent plus l’économie mondiale, et qui sait quand elles reprendront le pouvoir ?
Compléments :
Il a dit :
" Le formidable avantage de Broadcast.com d’avoir été le premier sur le marché a fait de ce site une des destinations principales du Web pour la diffusion audio et vidéo, et cela apportera une importante valeur ajoutée à l’audience mondiale de Yahoo !, dit le directeur général de Yahoo !, Tim Koogle. L’acquisition de Broadcast.com est un développement naturel de notre stratégie qui est d’offrir les dernières possibilités du Web pour nos utilisateurs, et une plate-forme de distribution pour les contenus et la publicité de l’entreprise ".
Sur le prix et la montée en bourse qui suivit l’annonce : " cela sent la valeur ajoutée, et les gens sont prêts à payer pour la valeur ajoutée ".