La décision de la justice française, qui oblige Yahoo ! à bloquer l’accès aux enchères d’objets nazis aux utilisateurs français, fait école en Allemagne et en Argentine.
Cela ressemble à une offensive mondiale. Après la France, l’Allemagne et l’Argentine s’intéressent de près aux reliques nazies vendues aux enchères sur Yahoo !. Le Conseil central des juifs d’Allemagne a annoncé qu’il envisageait de déposer une plainte contre le portail américain, ce dernier permettant l’accès, via sa page allemande, à des sites de ventes aux enchères d’objets nazis : "Si le blocage de l’accès à de tels sites est techniquement réalisable pour les Français, il doit être également effectué en Allemagne", a estimé Michael Friedmann, vice-président du Conseil. Parallèlement, le Tribunal général de Munich a ouvert une information judiciaire contre Yahoo ! pour un motif similaire : le portail a récemment permis l’accès à une vente aux enchères d’exemplaires originaux de l’ouvrage d’Hitler, Mein Kampf.
L’Argentine copie la France
En Argentine, un juge fédéral de San Martín, dans la province de Buenos Aires, a, pour sa part, demandé le blocage de l’accès au site d’enchères du portail pour les internautes argentins. Motif : là encore, la vente aux enchères d’objets nazis. L’histoire est pourtant sensiblement différente. Cette décision, vieille d’un mois mais révélée le 24 novembre, fait suite à la plainte d’un commerçant local, dont la boutique s’appelle Yahoo et qui voulait récupérer les droits d’exploitations de cette marque. N’obtenant pas gain de cause, le commerçant a demandé, en appel, la condamnation de Yahoo !, prétextant la vente d’objets nazis sur le site. Le juge Alfredo Bustos, du Tribunal civil fédéral numéro 2 de San Martín s’est alors inspiré de la première décision du juge français Jean-Jacques Gomez, datant du mois de mai. Pour l’heure, les Argentins ont encore accès au site d’enchères de Yahoo !. "De nombreux obstacles techniques rendent difficiles l’application de cette décision pour le moment", explique le juge. C’est le ministère des Relations extérieures, responsable des noms de domaines dans le pays, qui est chargé de trouver une solution technique au problème. "Ce ministère doit tout mettre en œuvre pour empêcher Yahoo ! Inc. de diffuser des offres de vente d’objets ou symboles ravivant la pensée et la doctrine nationale socialiste, offensant ainsi l’ordre et la morale publique", écrit Alfredo Bustos dans son jugement. Chez Yahoo !, pas de panique a priori. Au siège du portail aux ...tats-Unis, on se contente de répéter des "no comment" ou des "ces affaires sont différentes". Jusqu’à quand ?