Pour obtenir le droit de diffuser certains évènements comme les Jeux olympiques, un responsable des sports de Yahoo ! affirme qu’il est possible d’ériger des frontières entre internautes.
Les affaires sont les affaires. Cité par Anick Jesdanun, journaliste à Associated Press, Tonya Antonucci, "producteur" chez Yahoo ! Sports, explique que les techniques actuelles permettent d’obtenir la localisation géographique d’un internaute, et donc de bloquer l’accès d’un site aux internautes de tel ou tel pays. Même si elle n’est pas fiable à 100 %, la technique existe, assure-t-il. Ce que tout le monde ou presque sait aujourd’hui en France, depuis l’affaire de la vente aux enchères d’objets nazis.
Fortune et beaux jours
Qu’un responsable de Yahoo ! dise cela aujourd’hui, après que le groupe américain ait prétendu le contraire pendant des semaines, est plutôt amusant. La raison en est, évidemment, économique. Les sommes annoncées lors des négociations des droits de retransmission des grandes manifestations sportives planétaires (Jeux olympiques, Coupe du Monde, basket-ball) ont crû à un rythme exponentiel ces dernières années. Générateurs d’audiences record, ces évènements ont fait la fortune des organisateurs d’évènements et les beaux jours des chaînes de télévision qui ont décroché ces droits. Jusqu’alors, et plutôt pour des raisons techniques (la qualité des images), les acteurs du Net ne participaient pas à ces marchandages.
Vigilance quasi-policière
Un autre obstacle se présentait cependant. Il se trouve que la croissance du pactole du sport est liée, dans la tête des organisateurs au moins, à la juxtaposition de mises aux enchères entre chaînes de télévisions, dans des cadres nationaux. D’où la vigilance quasi-policière du Comité international olympique, lors des derniers Jeux olympiques de Sydney, contre toute tentative de diffusion d’images sur le Net.
Le responsable des sports sur Yahoo !, qui souhaite sans doute décrocher quelque exclusivité fracassante, en tire les conséquences. Vous voulez des frontières nationales ? Pas de problèmes, assure-t-il aujourd’hui à ceux qui veillent à la croissance du magot du sport-spectacle. Nous pouvons en construire de superbes ! Les affaires ont décidément leurs raisons que la morale ne connaît pas.