L’épicier en ligne américain Webvan, qui tentait de sauver sa peau depuis plusieurs mois, est en faillite. Les 2 000 salariés de l’entreprise sont au chômage.
Les habitués de l’épicerie ont trouvé porte close, lundi 9 juillet. Webvan a définitivement tiré le rideau de son site et un répondeur téléphonique fait désormais office de service clientèle. Webvan, c’est désormais l’histoire d’un gâchis humain. Les 2 000 salariés de l’entreprise rejoindront les quelque 1 105 petits copains qui les ont précédés, depuis le début de l’année 2001. Le géant de l’épicerie en ligne, basé à Foster City (Californie), connaissait des difficultés chroniques depuis plusieurs mois, et ne s’en cachait d’ailleurs pas. Sans doute l’échec de Webvan tient-il en ces quelques mots d’analyse, livrés non sans à propos par le San Jose Mercury News : "Contrairement à ce qu’elle avait annoncé, [Webvan] n’est pas parvenue à révolutionner le monde de l’épicerie. Certes, quelques clients ont bien souscrit à l’idée de commander en ligne et d’attendre la livraison à domicile. Mais nombre d’entre eux trouvaient plus rapide de se rendre directement au magasin."
Dernier sursaut
Conséquence, les résultats du premier trimestre 2001 étaient apparus catastrophiques.
L’entreprise avait enregistré, sur cette période, 86,1 millions de dollars de pertes, pour un chiffre d’affaires de seulement 77,2 millions de dollars. Le plan de redressement alors mis sur pied (885 licenciements, fermeture du magasin d’Atlanta) n’a pas suffi. Au second trimestre, confie le patron Robert Swan dans les colonnes du Wall Street Journal, "le volume des commandes s’est considérablement dégradé, rendant indispensable une nouvelle augmentation de capital". Sauf que personne ne veut plus investir dans Webvan. Les actionnaires de l’entreprise ont même tenté, dans un dernier sursaut, de multiplier artificiellement le cours de l’action par 25 - pour le faire repasser au-dessus de la barre fatidique d’un dollar. Mais cette opération, qui devait éviter à l’entreprise de voir ses titres radiés du Nasdaq, n’a même pas eu le temps d’être amorcée. Et les actions Webvan seront bel et bien retirées de la cote.
Un gadin de 99,8 %
L’histoire de l’action Webvan est elle aussi édifiante. Les débuts furent, certes, prometteurs : lors de l’introduction en Bourse, en octobre 1999, on s’arrachait les actions Webvan. La SEC, le gendarme américain de la Bourse, avait même dû repousser l’introduction d’un mois pour calmer les esprits. Cotant 26 dollars le jour de cette introduction, Webvan avait cependant rapidement vu son cours s’enfoncer... pour atteindre le niveau insignifiant de 6 cents aujourd’hui. Un gadin de 99,8 % depuis le sommet de l’automne 1999.
Webvan laissera néanmoins le souvenir d’une performance financière. Introduction en Bourse comprise, l’entreprise aura levé un total de 800 millions de dollars - environ 6,3 milliards de francs au cours actuel de la monnaie américaine - depuis sa création, à la mi-1999. Mais, dans le même temps, l’entreprise a accumulé 700 millions de dollars de pertes (5,5 milliards de francs). L’épicier ne savait pas compter.
Webvan (en cours de fermeture):
http://www.webvan.com
Le cours de l’action Webvan sur CnnFn:
http://www.quicken.com/investments/...