Wanadoo, qui a multiplié ses pertes par 54 en 2000, prévoit une très forte croissance pour les trois prochaines années.
Julien Chambaud |
Nicolas Dufourcq, le PDG de Wanadoo, affiche sa sérénité. D’ici 2003, assure-t-il, Wanadoo sera l’un des trois leaders de l’Internet en Europe, avec au moins 10 millions de clients - dont 3 millions hors de France. L’activité, promet-il, sera profitable à partir du dernier trimestre 2003. À cette date, Wanadoo sera "
une société équilibrée sur trois grands pieds (sic) : un pied accès, un pied portail et commerce électronique, un pied annuaires", conclut-il. Voilà pour l’avenir. Plus proche de nous, Nicolas Dufourcq a présenté, jeudi 22 mars, un bilan de santé contrasté de l’entreprise qu’il dirige. Les résultats financiers pour l’année 2000 semblent plutôt mauvais : Wanadoo affiche un résultat net négatif de 102 millions d’euros (669 millions de francs) pour un chiffre d’affaires de 1,1 milliard d’euros (7,2 milliards de francs). L’année 1999 s’était soldée par un résultat net de -1,9 million d’euros (12,5 millions de francs) et un chiffre d’affaires de 810,4 millions d’euros (5,3 milliards de francs).
5,30 francs par abonné et par mois
Le Wanadoo 2001 n’a plus rien à voir avec celui du début de l’année 2000. De nombreuses acquisitions - la plus spectaculaire : le fournisseur d’accès à Internet (FAI) britannique Freeserve - ont pesé sur les comptes. Par ailleurs, les activités purement Internet ont beau décoller, elles représentent encore un chiffre "dérisoire", à peine 84 millions d’euros (environ 551 millions de francs) pour le commerce électronique et les portails. Cela donne un revenu moyen plutôt modeste de 0,8 euro par abonné français et par mois, soit 5 francs et trente centimes. En fait, Wanadoo réalise l’essentiel de son activité "sonnante et trébuchante" dans l’accès au Réseau et, surtout, dans les annuaires. Papier ou Internet, ces derniers ne pèsent pas moins de 741,5 millions d’euros de chiffre d’affaires. Et leur exploitation reste très lucrative (rentabilité brute de 32 %).
Internet illimité oui, mais seulement à haut débit
Malgré ces chiffres en demi-teinte, Wanadoo affiche un potentiel considérable. Le fournisseur d’accès de France Télécom compte ainsi 4,9 millions d’abonnés actifs dans un peu moins de dix pays (France, Grande-Bretagne, Espagne, Pays-Bas, Belgique, Maroc, Brésil et Algérie) et enregistre 949 millions de pages vues par mois (la septième audience européenne). Surtout, Nicolas Dufourcq dispose d’un trésor de guerre confortable : une trésorerie de près de 1,9 milliard d’euros (12,5 milliards de francs). Le PDG de Wanadoo ne prévoit pas d’acquisition d’envergure pour les prochains mois, préférant procéder par "petites touches". Enfin, Wanadoo mise beaucoup sur l’accès à Internet illimité, mais sur ce point - à l’opposé de la recette AOL -, Nicolas Dufourcq martèle que "l’avenir de l’Internet, c’est une deuxième ligne à haut débit (...), avec une bonne qualité de service. Donc pas au prix de l’abonnement illimité d’AOL [199 F par mois, NDLR]." Ce sera donc plus cher.