Les investisseurs américains quittent le navire de la nouvelle économie. La hausse fulgurante observée au premier trimestre sur les valeurs Internet et technologiques est aujourd’hui totalement effacée.
C’est la quinzaine des soldes à Wall Street. La remontée du Nasdaq - plus de + 3 % en milieu de séance vendredi - n’y change rien : le marché américain des valeurs de croissance s’est pris une claque magistrale. L’indice du Nasdaq a baissé de 33 % depuis le début 2000 et se retrouve sous ses niveaux de novembre 1999. La hausse vertigineuse des valeurs Internet et technologiques est aujourd’hui totalement effacée à Wall Street, mais aussi sur les marchés européens. Seule exception, le Nouveau marché parisien affiche certes une hausse de 100 % par rapport à novembre 1999, mais on est très loin du chiffre stratosphérique de mars dernier (+ 425 % par rapport à novembre 1999).
Les financiers de la nouvelle économie semblent victimes d’une irrépressible crise de délire. Et comme s’ils avaient perdu tous leurs repères, ils se jettent sur la moindre information disponible. La grande mode du moment consiste à prendre - presque heure par heure - le pouls du commerce électronique. Goldman Sachs et PC Data viennent ainsi de publier une étude sur l’activité e-commerçante pour... la semaine du 19 novembre ! Bilan encourageant : 1,132 milliard de dollars de dépenses en ligne. Autre étude, publiée cette fois par Henry Blodget, l’analyste star de Merrill Lynch pour les valeurs Internet : "Comme prévu, l’activité de commerce électronique s’est accélérée pour la période allant du 21 au 27 novembre." Ouf, on respire ! Mais la veille, le fabricant Gateway annonçait des ventes médiocres de PC sur... le dernier week-end. Patatras ! Le cours de l’action perd 37 % en une séance.
Se sauver et sauver sa mise
"Dans ces marchés perturbés, la psychologie prédomine. On voit tout et n’importe quoi, explique Serge Chayenko, associé de la banque d’affaires Raymond James et spécialiste des marchés américains. Des analystes dégradent des sociétés dont les cours ont déjà chuté de 60 %. D’autres découvrent que le marché des PC se porte mal alors que les chiffres sont mauvais depuis cet été." Résultat, sur une seule mauvaise nouvelle, une valeur pouvait perdre 20 % il y a quelques mois, puis 40 % cet automne. Désormais, on voit des sociétés dont les cours perdent 60 % en trois semaines sans qu’aucune information ne soit publiée. "Le mot qui me vient à l’esprit, c’est amalgame, poursuit Serge Chayenko. On sait que les nouvelles sont mauvaises pour les PC, les mobiles et les semi-conducteurs. Mais on ne peut pas jeter à la poubelle les valeurs technologiques puisque, pour elles, les prévisions sont bonnes."
Récession en vue ?
Les thuriféraires des dotcoms jettent pourtant celles-ci aux orties sans discernement, en essayant de sauver ce qui reste de leur mise. D’autant que, selon eux, de lourds nuages menacent l’économie américaine. Hausse du prix du pétrole et incertitude quant aux résultats de l’élection présidentielle s’ajoutent aux craintes sur les résultats des entreprises. Du coup, le mot "récession" est sur toutes les lèvres. "La crainte des marchés d’une récession est pourtant absurde, s’étonne Serge Chayenko. Pour qu’il y ait récession, il faut deux trimestres consécutifs de croissance négative. Or, on ne va pas passer des chiffres américains de 5 % de croissance à une croissance négative du jour au lendemain !"
http://www.nasdaq.com
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Le site de Raymond James:
http://www.raymondjames.com/
Pour suivre les marchés américains:
http://www.cnnfn.com