Vivendi Universal revend les activités de presse professionnelle et locale pour acheter un éditeur américain spécialiste de l’éducation.
Pour conquérir le marché américain de l’éducation et devenir numéro 2 mondial dans ce secteur, Vivendi Universal a besoin de 2,2 milliards de dollars (16,5 milliards de francs). C’est le prix d’une OPA sur l’éditeur Houghton Miffin. Jean-Marie Messier, le P-DG qui a transformé à coups de cessions d’actifs l’ex-Générale des Eaux en Vivendi, a donc mis en vente trois nouvelles activités du groupe : la presse professionnelle, la presse locale, et l’organisation de salons. Cette vente devrait ramener suffisamment de cash pour avaler l’éditeur américain, et énerver le numéro un mondial de l’édition, Pearson. Le groupe Tests (Newbiz, le Nouvel Hebdo, 01Net), Moniteur, Industries service Info et France Agricole vont passer entre les mains d’un groupe étranger. En effet, Vivendi serait en négociation avec l’allemand Bertelsmann (avec lequel plusieurs partenariats sont déjà engagés), le néerlandais Elsevier et le britannique Pearson.
La presse généraliste bientôt vendue ?
La façon dont le groupe se débarrasse de certains fleurons de la presse spécialisée française n’a pas plu aux salariés : "Nous avons appris que nous étions à vendre vendredi en lisant l’AFP, explique une journaliste mécontente. Nous avons demandé des explications. La direction a rétorqué que Vivendi travaillait désormais à l’américaine." Le communiqué de presse d’Agnès Touraine, directrice du pôle qui "monte" et qui exige de tels sacrifices (éducation, jeux, littérature), n’est arrivé qu’après. Ce qui a renforcé l’exaspération des salariés. Dans la maison-mère, la surprise est grande malgré les rumeurs de cession qui circulaient depuis quelques mois. "Pour l’instant, tout le monde est sonné, confie un salarié de Vivendi Universal Publishing. VUP est une maison qui a toujours respecté ses activités de presse, et qui limitait à fond l’intervention dans la ligne éditoriale. Est-ce que les repreneurs offriront de telles conditions ?" Toutefois, la logique de Jean-Marie Messier est connue : "C’est un groupe qui recherche le leadership mondial, explique le salarié de VUP. Ce n’est plus possible dans la presse. A priori, les médias grand public devraient eux aussi être cédés. Mais avant de mettre en vente L’Express, L’Expansion et L’Etudiant, on va attendre la fin de la restructuration en cours dans ce pôle, et peut-être même l’après-présidentielle..." De toute façon, Vivendi a choisi d’être un groupe de communication, pas d’information. Non ?