Le géant de la musique veut distribuer lui-même son catalogue sur Internet par abonnement. Mais est-ce assez pour neutraliser les Napster et autres MP3.com ?
C’est officiel, Universal Music, le leader mondial de la production musicale va distribuer lui-même son catalogue en ligne : Jimi Hendrix, PJ Harvey, Sting et quelque 20 000 chansons seront disponibles via Internet par abonnement. Pour l’instant, Universal teste la formule gratuitement sur près de 5000 internautes, mais selon les premières rumeurs, le forfait devrait bientôt être ouvert à tous pour 15 dollars par mois (soit un peu plus de 100 F). En échange, les mélomanes pourront se mettre tout le catalogue de la filiale du groupe franco-canadien Vivendi-Seagram dans les oreilles. Attention, pas question de télécharger, de stocker les morceaux, de les graver ou d’en faire recel sur des sites comme Napster ou Gnutella : le format d’écoute en "streaming" en temps réel permet une seule et unique écoute.
Contre Napster
Universal est la première major du disque à tenter l’expérience : en septembre dernier, le britannique EMI avait certes ouvert son catalogue, mais l’avait fait distribuer par d’autres. Quant au groupe AOL-Time Warner, il devrait annoncer un système d’abonnement assez similaire, mais pas avant le mois de novembre. L’objectif premier de l’industrie musicale est naturellement de tirer parti du formidable outil de distribution que représente l’Internet. Mais ce type d’initiatives sert aussi à torpiller les systèmes gratuits d’échange de fichiers dits "peer-to-peer", comme Napster. Sans oublier les systèmes de distribution "légaux" contre lesquels s’acharne Universal (Lire Mp3.com devra-t-il payer 1,7 milliard à Universal ?).
Contre la gratuité
Cependant, Universal commet peut-être une erreur stratégique. Tout d’abord, rien ne dit que les internautes américains sont prêts à débourser 15 dollars par mois alors que Napster et ses émules les ont accoutumés à la gratuité. De plus, certains experts estiment que le catalogue d’Universal, aussi étoffé soit-il, n’est pas suffisant pour attirer des souscripteurs, s’il ne s’allie pas avec Sony, Time Warner et les autres.