Entre contenus médiocres et fric, le web ne remplit pas sa fonction culturelle et éducative. Deux éditorialistes de renom en appellent au Congrès américain pour qu’il finance ce à quoi une grande nation pourrait aspirer en la matière.
C’est une chose de vénérer l’Internet, c’en est une autre de l’aider à atteindre des rivages plus glorieux. L’éditorial du New -York Times _ signé par deux huiles de la communication et de l’information, anciens patrons de NBC News, de PBS (la télé publique américaine) et de la Federal communication commission _ n’est tendre ni pour l’évolution du réseau mondial, ni pour le manque d’intérêt de ce qui tient lieu de puissance publique aux Etats-Unis.
" Tandis qu’on pourrait se laisser aller à dire que nous courons le danger de créer une vaste décharge numérique, les distractions de qualité marginale priment sur l’Internet quand les entreprises veulent toucher une audience de masse et, c’est triste à dire, les plus évidemment rentables diffusent de la pornographie ". Si rude que soit l’analyse, Lawrence K.Grossman et Newton Minow la servent en hors d’œuvre pour en venir sans plus de manière à ce qui les préoccupe : l’avenir de la culture outre-atlantique, ces " trésors dans nos bibliothèques, universités et musées maintenus enfermés par manque d’argent pour les rendre accessible sous forme digitale au public Américain ".
Au -delà de la critique exaspérée, les deux éditorialistes ont en tête une idée lumineuse qui plaira sans doute au gouvernement américain en pleine période de réduction des investissements publics, religion républicaine oblige. On pourrait, proposent-ils hardiment, tirer parti de la manne financière qui va tomber dans les caisses de l’Etat grâce aux enchères d’attribution des nouvelles fréquences radio-télé. Et de livrer au public leur montant, estimé par le service du budget du Sénat : 28 milliards de dollars sur dix ans, soit 210 milliards de francs. De cette somme astronomique, il suffirait de prélever 18 milliards (135 milliards de francs) pour financer un trust public chargé de rendre possible la mise en ligne des merveilles sorties de leur imagination : un programme de lutte contre l’analphabétisme, un modèle de corps humain total affichant, de la molécule à l’anatomie générale, tout ce qui manque aux étudiants en médecine et aux médecins. L’accès universel à tous les documents historiques importants, manuscrits, photos, œuvres d’art et enregistrements aujourd’hui détenus par les musées, les bibliothèques et les services d’archives. Un rêve digital soutenu par de grandes entreprises insistent les auteurs, citant Miicrosoft ou Novell . Conclusion : " Comme nation, nous avons les ressources financières pour réaliser un investissement de taille maintenant, et le Congrès devrait agir pour le rendre possible ".