Odysseo est le nom commercial d’un nouveau porte-monnaie virtuel. Abdallah Hitti, l’ex-boss de Kleline, a inauguré en grande pompe ce système de paiement similaire à celui inventé par la filiale sacrifiée de Paribas.
P-E. Rastoin |
La Princesse de Thaïlande est dans la salle. Et ce n’est pas la seule Altesse présente à la cérémonie d’Abdallah Hitti. Lundi 25 septembre, l’ex-patron de Kleline fait son show à l’occasion du début des activités commerciales de sa nouvelle société, Blueline International. Triomphant, il convoque ses partenaires industriels sur l’estrade ; et les uns après les autres, ils paradent sous les ors de l’Hôtel de la Monnaie, à Paris. Objectif : prouver que leur porte-monnaie numérique, Odysseo, sera plus international, plus sécurisé, plus efficace que tout ce qu’on a pu voir auparavant dans le monde.
De quoi s’agit-il ? Comme le "server-side wallet" de Kleline, c’est un porte-monnaie virtuel géré chez le prestataire de services au lieu d’être stocké sur le disque dur de l’utilisateur. Cela relève de la précaution élémentaire de sécurité : en cas de crash, on ne perd pas la trace de son argent. Seulement, cédant à l’air du temps, Blueline a rebaptisé cette technologie "ASP-wallet" - l’Application Service Provider -, c’est un prestataire qui vous fournit des services en ligne. Côté efficacité des services, on peut espérer obtenir la même qualité que chez le défunt Kleline. Toutes les transactions commerciales seront notarisées (date, heure...), les marchands certifiés, les clients authentifiés, ceci afin d’empêcher les répudiations de paiement abusives. Et Blueline se chargera de gérer le back-office pour les commerçants : conversion en devises, comptabilité, statistiques... Une vraie plateforme de paiements sur Internet, protégeant les intérêts des clients de Blueline, qui sont les marchands.
Hiatus avec les banques
Mais quelle place pour les banquiers ? "Notre système d’intermédiation est fondé sur les banques", a martelé Abdallah Hitti, s’efforçant de rassurer ces dernières, qui voient d’un mauvais œil l’apparition de monnaies virtuelles qui leur échappent complètement. Il est possible que Blueline travaille main dans la main avec elles. Mais dans ce cas, il y a un hiatus avec la volonté déclarée d’être une plateforme internationale. Difficile de passer des accords avec les banques du monde entier pour établir un réseau sur l’ensemble de la planète : rien qu’en France, le consortium CyberComm risquerait de s’y opposer, puisqu’il développe sa propre solution de porte-monnaie numérique fondée sur la carte bancaire. L’aventure de Blueline risque de ne pas être de tout repos. D’autant plus qu’on ne sait pas encore comment l’entreprise compte attirer suffisamment de commerçants et de banques pour que l’effet de réseau joue, et qu’Odysseo s’installe sur Internet.