Deux Américains, installés à Amsterdam, veulent lancer un service en ligne de livraison de cannabis à domicile.
Tim Freccia et Mike Tucker ont la trentaine, sont nés à Seattle et travaillent tous deux dans les nouveaux médias. Ce sont aussi les fondateurs de iToke, un site web qui se propose de mettre en ligne la vente au détail du cannabis - en anglais, un toke est une bouffée de joint - et de lui offrir ainsi la respectabilité dont elle manque. Les journalistes de l’Independant et du San Francisco Chronicle ne s’y ont pas trompé : iToke, site chic et clinique, rappelle aussi bien la boutique virtuelle d’Apple que celle des cafés Starbuck.
L’idée de base ? Par Wap, par Web ou téléphone, vous commandez votre dose de résine. Un livreur chevauchant un vélo vert et blanc - les couleurs d’iToke - vous apportera votre népalais en moins de 30 minutes. Celui-ci vous sera facturé 10 euros (environ 65 francs) le gramme (pas plus de deux grammes par commande) et vous réglerez à l’aide d’une iToken, une carte de paiement rechargeable. Le circuit pizza, les couleurs en plus.
Le pétard a fait long feu
C’est à Amsterdam que les deux entrepreneurs ont établi leur entreprise. La ville, avec son libéralisme, et ses coffee shops où la vente de barrettes de cannabis est légale, se prête bien au développement d’un tel projet. À terme, ils souhaiteraient étendre l’expérience au Royaume-Uni, au Canada, aux ...tats-Unis et gratifier leurs mégapoles de clubs iToke. Mais pour l’heure, le pétard a fait long feu : le lancement du service à Amsterdam, prévu pour le 1er septembre, se fait toujours attendre. Comme les libraires ayant pignon sur rue menacées par Amazon, les patrons des coffee shops, justement, ont vu d’un mauvais œil l’irruption de cette concurrence en ligne. Ils l’ont fait savoir aux intéressés avec suffisamment de fermeté pour que ceux-ci fassent machine arrière.
Pour l’instant, l’élégant site vert et blanc ne propose guère qu’un T-shirt à ses couleurs. Mais ses visiteurs seraient encore 30 000 par jour. Freccia et Tucker ne s’avouent donc pas vaincus. Ils s’efforcent d’engager le dialogue avec "des autorités municipales et des lobbyistes influents". Richard Branson avait promis de vendre, dès sa légalisation, du cannabis sous label Virgin. D’autres n’ont pas eu la patience d’attendre.