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Le 31 mai dernier, une soixantaine d’étudiants en médecine de Lyon passaient un examen en ligne. Pierre Croisille, 36 ans, radiologue et maître de conférence à l’université Lyon-Nord est l’initiateur de cette expérience. À terme, il veut mettre en place un véritable campus virtuel. Interview.
Racontez-nous cet examen en ligne...
Une soixantaine d’étudiants de quatrième année de médecine passaient un partiel en imagerie médicale. Nous les avons répartis sur des sites distincts, pour disposer de suffisamment de machines, et nous leur avons fait passer un examen sur ordinateur. Chaque étudiant s’est vu attribuer plusieurs adresses IP, utilisables sur différents postes, pour éviter qu’il soit bloqué par une machine plantée. Le serveur étant installé dans un autre bâtiment, les informations passaient par Internet.
Pas de risque de piratage ?
Bien que ce soit une première expérience, nous avons sécurisé le système pour éviter, à l’avenir, les contestations. Par ailleurs, nous avons bridé les navigateurs pour empêcher les étudiants d’aller sur le Web. Et comme il s’agissait d’un QCM (questionnaire à choix multiples), nous avons inclus dans le logiciel un système qui présente les réponses possibles en ordre aléatoire.
Comment est traitée la copie ?
L’étudiant dispose d’un temps imparti. Cinq minutes avant la fin, l’ordinateur lui affiche un message d’alerte. Lorsque le temps est écoulé, le programme se bloque automatiquement. L’étudiant doit alors signer électroniquement sa copie et se voit attribuer un numéro, pour les recours éventuels. Sa composition est encryptée et envoyée instantanément au serveur. Celui-ci renvoie le résultat en temps réel.
À part la rapidité de correction, quel est l’intérêt de passer par l’informatique ?
Le projet a été initié en cours d’imagerie médicale, parce que c’est un domaine où le numérique est prédominant. Lors des prochaines sessions, nous permettrons aux étudiants de zoomer sur des images ou de les manipuler en 3D. C’est impossible avec les médias classiques. Je ne dis pas qu’on va résoudre toutes les modalités d’examen comme ça : le QCM est un type d’épreuve spécifique. Mais il est beaucoup employé en médecine.
Votre budget initial s’élève à un million de francs pour l’aspect logiciel. Quels développements prévoyez-vous ?
Nous allons développer une plate-forme comportant tous les outils d’un campus virtuel. Hormis les classiques forums, FAQ et mail, le portail permettra aussi de gérer les emplois du temps à distance. Mais les deux apports essentiels sont la mise en commun des ressources par les enseignants et la possibilité pour les étudiants de s’auto-évaluer.
Dans l’enseignement tel qu’il est pratiqué aujourd’hui, les profs ont tendance à considérer que les redites entre deux cours ou les renvois mal faits vers d’autres disciplines ne sont pas leur problème. Là, les cours feront partie d’une base commune, validée par les enseignants. Chacun d’entre eux pourra intégrer un de ces modules dans son cours.
Et l’auto-évaluation ?
À tout moment, les étudiants pourront effectuer des tests en ligne, de chez eux, pour vérifier le niveau de leurs connaissances dans une matière donnée. Cela permettrait également aux enseignants de faire passer des tests au moment où les étudiants s’inscrivent dans leur matière pour vérifier l’état de leurs connaissances sur le long terme. Aujourd’hui c’est impossible. L’idée, c’est que si vous échouez sur des points précis, le système doit vous indiquer les ressources pédagogiques correspondantes.
Cela va modifier le rythme universitaire...
C’est vrai. Pour l’instant, les épreuves sont organisées à un instant T, dans une salle déterminée. Mais nous pensons à un autre mode d’examen : une grande salle - surveillée - serait ouverte de 8 heures à 18 heures. Les étudiants y viendraient en self-service et gèreraient leur planning d’examen comme ils veulent. Ce qui leur permettrait de passer les matières au moment où ils se sentent prêts.
Quel est votre calendrier ?
Les premières ressources utilisables par les élèves seront accessibles début 2001. Quatre spécialités seront concernées au départ : la radiologie, l’anatomie, les médecines nucléaire et dentaire. Le concours d’entrée en deuxième année, ce sera peut-être pour 2002.