Les élections au poste de gouverneur dans l’...tat mexicain de Tabasco se sont déroulées sur fond, classique, de fraude et d’achat des voix. Nouveauté : le système informatique de décompte des votes devait aussi être piraté.
Le 15 octobre dernier, l’...tat de Tabasco (sud-est du Mexique) élisait un nouveau gouverneur. Une élection vitale pour le Parti révolutionnaire institutionnel (PRI), majoritaire dans cette région et qui a perdu les présidentielles du mois de juillet dernier, après plus de 70 ans au pouvoir. Résultat des courses : le PRI l’emporte sur le Parti révolutionnaire démocratique (PRD) avec exactement 1 000 voix d’avance sur plus d’un million de votants... Un résultat serré, trop serré pour certains.
Réseau informatique parallèle
La veille du scrutin, un fonctionnaire du gouvernement régional informe la direction du PRD qu’un piratage du système informatique du décompte des votes est en préparation. Après avoir vérifié ces informations, plusieurs membres du PRD, accompagnés de journalistes, font alors irruption dans les locaux de la société Ultrabyte, éditrice du portail Internet chocoweb.com.mx. Là, ils découvrent plusieurs ordinateurs, une base de données de tous les électeurs de l’...tat de Tabasco, des dizaines de bulletins de vote et un réseau de transmission de données composé de huit lignes téléphoniques. Ce réseau relie les locaux d’Ultrabyte avec ceux de l’Institut électoral de Tabasco (IET), chargé de décompter les voix, et les bureaux du PRI. "Nous avons été menacés par le patron d’Ultrabyte, qui nous a tiré dessus à notre arrivée dans les bureaux de sa société", explique Amalia García, présidente du PRD. Selon elle, "le PRI comptait bien frauder en utilisant le réseau que nous avons découvert. D’après les éléments que nous avons pu récolter, leur idée était simple : déconnecter le réseau officiel de l’IET, faire semblant de le rétablir et reconnecter à la place le système parallèle avec un faux décompte des voix." Surréaliste ? "Le PRI a déjà utilisé cette méthode à plusieurs reprises, poursuit Amalia García, notamment en 1988, lors des présidentielles. C’est comme ça que Carlos Salinas a été élu président de la République."
Malgré la découverte de ce réseau, le PRI a tout de même gagné les élections, ce qui n’est pas une surprise pour la dirigeante du PRD. "La fraude informatique n’a pas fonctionné, mais le PRI a utilisé ses vieilles méthodes d’achat des voix devant les bureaux de votes", explique-t-elle. Le PRD a déposé un recours devant le Tribunal fédéral électoral afin de faire annuler les élections. Le verdict devrait tomber début novembre.