C’est l’événement : Bill passerait la main. Gates, l’empereur de Microsoft Land (presque le monde entier), donnerait le pouvoir à son dauphin Ballmer… Une belle info sans surprise. Car Steve Ballmer est depuis longtemps en double commande avec le fondateur de Microsoft, même si Bill gardait le contrôle du volant. Le recul de Gates a été progressif depuis un an. Après 26 ans à la tête de l’entreprise, il ne tirait visiblement plus le même plaisir de la gestion quotidienne. On l’a vu, plus souvent qu’à l’accoutumée, à des matchs de basket de l’équipe de Portland, propriété de son ami (et co-fondateur de Microsoft), Paul Allen. On dit que la naissance de son deuxième enfant lui aurait donné des envies de vie plus calme. Exit donc de la gestion courante, Bill se concentre désormais sur la stratégie, le développement et la recherche. Une envie d’autant plus logique que son mentor Nathan Myrvhold, le bouillonnant (et génial selon certains) président de Microsoft Research, a pris une année sabbatique…

Sixième fortune américaine

Steve Ballmer n’est pas n’importe qui. Ses adversaires le comparent à un pit-bull : il ne lâcherait sa proie que mort… Il est surtout un ami de très longue date de Bill Gates. Il se sont croisés à Harvard, mais il a fallu encore quelques années pour que Steve accepte de rejoindre Microsoft. Pas très longtemps quand même car Ballmer fut le dix-neuvième employé de la firme. Son arrivée ne se fit pas sans problème : pour l’appâter, Gates et Allen, qui juraient jusque-là qu’ils n’abandonneraient jamais une part de leur entreprise, et qui prétendaient alors ne pas avoir l’intention de distribuer des stock-options (ils ont beaucoup changé…), lui signèrent un contrat où ils lui cédaient des actions de Microsoft… Cela créa une petite tension au sein de la jeune société : les autres employés avaient du mal à comprendre la différence de traitement.

Le résultat est là : Steve Ballmer fut, pendant vingt ans, le moteur commercial de Microsoft. Grand et costaud, très facile d’accès quand il n’est pas en colère, il est animé d’une énergie extrême. Parfois trop, à en croire les plaintes contre l’agressivité commerciale de la marque... Le voilà désormais "President and Chief executive officer" (soit président directeur général), Bill Gates restant "Chairman" (président du conseil d’administration), soit le véritable big boss. Et que l’on ne croit pas que Ballmer vise plus haut : il doit tout à Gates, le sait, le répète à qui veut l’entendre (ses actions Microsoft en font la sixième fortune américaine…). Mais si, un jour, Gates souhaite raccrocher totalement, il pourra toujours compter sur lui.

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