Le site communautaire sportif vient de souffler sa première bougie. Bilan après un an d’activité avec son président-fondateur, Nicolas Béraud.
"Nous sommes avant tout un site de sport, pas un site de jeux. Nous ne faisons certes pas d’actualités sportives, mais nous avons mis en place un site communautaire." D’entrée, Nicolas Béraud veut recadrer l’image de son bébé : Sport4fun n’est pas un simple site de pronostics. "Vu notre modèle, nous avons une place un peu à part dans le monde du sport et du Net, mais nous sommes en train de créer la première communauté d’amateurs de sport en France", explique le fondateur, un ancien de Canal +. Les chiffres plaident en sa faveur, même si rien n’est encore gagné. Lancé en mars 2000 en France, avec 25 millions de francs levés un mois plus tard, Sport4fun compte aujourd’hui près de 250 000 membres inscrits. Selon DART, le site a engrangé 22 millions de pages vues au mois de mars 2001. "Nous avons un noyau de 30 000 fans qui se connectent quotidiennement", continue Nicolas Béraud. Et que viennent-ils faire ? Pronostiquer. Car, en dépit des propos de son fondateur, Sport4fun est aussi, voire surtout, pour l’internaute sportif, un site où l’on peut gagner des "funnies" (la monnaie virtuelle) en pronostiquant des résultats. Plus vous accumulez les funnies, plus les cadeaux que vous emportez sont gros. "Le foot représente un tiers des pronostics. Mais les petits sports, comme la voile ou le cyclisme, drainent un réel trafic." Plus de 50 000 joueurs se sont inscrits pour tenter de deviner qui allait gagner The Race, la course autour du monde à la voile en équipage. Plusieurs partenariats avec d’autres sites sportifs devraient aussi aboutir rapidement, afin de proposer du contenu spécifique.
Priorité au commercial
Car ne faire que du pronostic ne suffit pas pour vivre. Nicolas Béraud et son équipe l’ont vite compris. "Notre objectif de départ était d’accumuler une bonne audience, aujourd’hui, notre priorité va au commercial. La course au visiteur est terminée, nous entamons une nouvelle étape, toute aussi difficile : faire du chiffre d’affaires." Mais le président refuse de donner le moindre chiffre précis car des négociations seraient en cours pour une nouvelle levée de fonds. "Tout ce que je peux dire, c’est que nous avons réalisé sur les quatre premiers mois de l’année déjà plus de chiffre d’affaires que toute l’année 2000", annonce Nicolas Béraud. Comment Sport4fun remplit-il ses caisses ? Il tire d’abord profit de sa base de données de 250 000 noms. "Attention, nous ne la vendons pas à des tiers, nous la gérons nous-même, précise immédiatement le PDG. Nous faisons du "permission marketing". Nos membres décident eux-mêmes s’ils souhaitent ou non recevoir de la pub."
L’Espagne et l’Allemagne dans la foulée
Sport4fun est aussi bien placé pour augmenter le trafic d’autres sites. Pour valider une grille de pronostics, le joueur doit cliquer sur une bannière qui l’expédie aussitôt chez un site partenaire. "Mais nous laissons là aussi le choix au joueur, en proposant un bouton de validation neutre", tempère Nicolas Béraud. Enfin, une troisième source de revenu devrait prochainement voir le jour. Une sorte de sponsoring particulier permettant d’augmenter la visibilité d’un site. Exemple : une grille de pronostics sur la Formule 1 pourra être habillée aux couleurs d’un annonceur automobile. "Notre modèle semble fonctionner. Nous devrions atteindre l’équilibre avant la fin de l’année", annonce, tout sourire, le patron de Sport4fun. Un objectif qui paraît réalisable, si l’on en croit les premiers résultats du développement étranger du site. Une version en Italie a vu le jour en janvier 2001. "Sans pub, nous avons déjà 20 000 joueurs inscrits et deux millions de pages vues le mois dernier." En Angleterre, Sport4fun a ouvert la semaine dernière, avant l’Espagne dans quelques semaines et l’Allemagne dans la foulée.