La Corée du Sud est l’un des premiers pays au monde à s’être doté d’une loi contrôlant la diffusion et la consultation d’informations en ligne. Dès 1995, l’Electronic Communication Business Law a permis la création d’un Bureau sur l’éthique de l’information et de la communication. Cet organisme public, qui passe en revue les sites, les forums de discussions et les chats, peut recommander le blocage de certains sites.
La loi sur la sécurité nationale s’applique également au Web. Elle interdit aux sud-coréens tout contact avec leurs voisins nord-coréens. Ce dispositif, régulièrement allégé par le président Kim Dae-Jung, est une épée de Damoclès pour la liberté d’expression sur la Toile. Ainsi, la consultation des sites gérés par les autorités de Pyongyang est prohibée par le National Intelligence Service (NIS, services secrets). La politique d’ouverture de Kim Dae-Jung rend ces mesures de plus en plus théoriques.
En revanche, en 1997, le ministre de l’Information et de la Communication avait ordonné aux fournisseurs d’accès sud-coréens de bloquer l’accès à Geocities, un hébergeur de pages personnelles qui abritait un site à la gloire du régime communiste de Pyongyang. Un étudiant coréen avait même été arrêté en octobre 2000 pour avoir échangé des e-mails avec un nord-coréen vivant au Japon.
En août 2000, l’animateur d’un site Internet, qui avait été condamné à un an de prison pour " diffusion de fausses nouvelles " a accusé, à sa libération, le gouvernement d’avoir censuré son site. Bu-Jeon Bae avait publié un article en ligne affirmant, sans preuve, que le président Kim Dae-Jung avait un fils illégitime avec une présentatrice de télévision.
Au même moment, des internautes sud-coréens ont pris d’assaut le site du ministère de l’Information et de la Communication pour protester contre un projet de loi concernant l’Internet dont la promulgation est prévue au milieu de l’année 2001. Ce texte repose sur un système de classification des sites selon leur contenu. L’association de défense des droits civiques Jinbo (Progressive) Network, qui a organisé ce " sit-in virtuel ", estime que ce texte de loi sera avant tout une " arme de censure supplémentaire pour le gouvernement " sud-coréen car il donnera un argument juridique pour bloquer des sites jugés " dangereux ". Dans les jours qui suivent cette action, des membres des services de sécurité font pression sur Jinbo pour qu’ils fournissent l’identité des internautes qui ont participé à cette protestation. En octobre 2000, Jinbo a affirmé que des policiers avaient envoyé plusieurs e-mails menaçants et insultants aux animateurs du site consacré aux droits de l’homme, www.hrights.org.kr. Ce dernier venait de publier un dossier sur les violences policières dans le pays.
Fiche technique :
Population : 46 millions
PIB par habitant et par an : 15 225 dollars
Population urbaine : 81,2 %
Fournisseurs d’accès à Internet : environ 80
Internautes : 16 millions
L’Internet en Corée du Sud connaît un boom spectaculaire : le nombre d’utilisateurs est passé de trois millions à seize millions en moins de deux ans. Le gouvernement a mis en place Cyber Korea 21, un plan d’investissement de plus de neuf milliards d’euros pour augmenter le taux de connexion et les infrastructures.
Progressive Network Center:
http://english.jinbo.net/
Ministère de l’Information et de la Communication:
http://www.mic.go.kr
http://www.hrights.org.kr
http://www.hrights.org.kr
Pour acheter le rapport Les Ennemis d’Internet sur 00h00.com:
http://www.00h00.com/direct.cfm?tit...