L’Arabie Saoudite n’a rendu public l’accès à Internet qu’en février 1999. Jusque-là, le Réseau se limitait aux universités et à certains services publics. L’achat de matériel informatique n’étant pas réglementé, les Saoudiens pouvaient toutefois se connecter, via un modem et grâce aux fournisseurs d’accès des pays frontaliers. Le retard saoudien vis-à-vis d’Internet tient au fait que le régime a cherché à mettre en place un système de filtrage.
Toutes les connexions à des sites nationaux et étrangers passent par le serveur proxy de la cité des sciences de Djeddah (King Abdulaziz City for Science and Technology ou " KACST "), véritable " nœud " de contrôle. Grâce au " KACST ", le pouvoir saoudien peut bloquer l’accès à un site jugé indésirable sur les ordinateurs du pays.
La cité des sciences stocke les sites autorisés sur un gigantesque serveur. Les requêtes vers des pages qui ne se trouvent pas dans ce " proxy " passent par un filtre. Le Dr Fahad al-Hoymany, en charge de la régulation du Net, se vantait récemment de pouvoir éradiquer la pornographie du Web saoudien. D’après le Dr Saad al-Faghi, responsable du Mouvement pour la réforme islamique en Arabie (MIRA) exilé à Londres, ce travail semble voué à l’échec. D’une part parce qu’il y a beaucoup trop de sites " X " pour que l’on puisse tous les bloquer, d’autre part parce que la télévision par satellite commence à généraliser la diffusion de la pornographie dans le pays. Même si la pornographie est le principal argument brandi par le régime pour justifier le filtrage, le pouvoir bloque également l’accès à de nombreux sites à caractère politique, comme, par exemple, ceux des opposants du MIRA, ou d’organisations de défense des droits de l’homme.
D’après le MIRA, le piratage commence à se développer dans le pays, les Saoudiens cherchant les moyens de contourner les restrictions imposées par le pouvoir. Nombre d’entre eux utilisent des messageries en ligne, plus difficiles à intercepter que les serveurs de mail installés en Arabie Saoudite. D’après le docteur Saad al-Faghi, beaucoup d’internautes utilisent le chat, qui leur garantit l’anonymat.
Il n’existe pas de médias indépendants sur le Web. S’il n’y a pas de loi spécifique à Internet, tout organe d’information est soumis à la loi sur la presse. Celle-ci impose une autorisation préalable des autorités et donne à la famille royale le pouvoir de révoquer les journalistes. Dans la pratique, estime Saad al-Faghi, " tous les patrons de presse sont choisis par la famille royale ". D’une manière générale, les pressions exercées par le régime obligent à une certaine autocensure. D’après un décret mentionné par la revue Online Journalism Review, et par l’organisation Human Rights Watch, les intermédiaires techniques sont obligés de bloquer tout site " violant les valeurs sociales, culturelles, politiques, économiques et religieuses du pays. "
En avril 2000, un cybercafé a été fermé dans la région de La Mecque au motif qu’il exerçait des activités " immorales ". En août, rapporte l’Agence France-Presse, citant la presse saoudienne, le gouvernement a bloqué l’accès aux forums hébergés sur le site de Yahoo ! .Selon lui, trop de gens s’y connectaient pour aborder des sujets contraires à la loi islamique ou pour critiquer des personnalités politiques.
Fiche technique :
Population : 20,9 millions
PIB par habitant et par an : 10 000 dollars
Fournisseurs d’accès à Internet : 37 agréés par le gouvernement
Internautes : 130 000
Toutes les connexions à des sites Internet passent par le serveur proxy de la cité des sciences de Djeddah, véritable centre de contrôle des communications. Profitant du prix très faible des communications en direction des Etats-Unis, de nombreux saoudiens sont abonnés directement chez des fournisseurs d’accès américains.
Mouvement pour la réforme islamique en Arabie
http://www.miraserve.com
Comité pour la défense des droits légitimes
http://www.demon.co.uk/cdlr
Pour acheter le rapport Les Ennemis d’Internet sur 00h00.com:
http://www.00h00.com/direct.cfm?tit...