Si les sites prokurdes ou islamistes sont légalement interdits, ils restent facilement consultables. Deux journaux d’extrême gauche (Azadiya Welat et Özgür Halk), qui ont été saisis à plusieurs reprises par les autorités, affirment que leurs sites n’ont jamais été fermés ni bloqués. Le gouvernement d’Ankara se montre donc plus libéral concernant Internet qu’il ne l’est pour la presse écrite ou audiovisuelle.
Cependant, la Turquie envisage de mettre en place, au cours de l’année 2001, une " brigade électronique " au sein de la police. Sa mission sera de renforcer le contrôle d’Internet et des communications électroniques. Un "
projet de loi sur l’organisation nationale de la sécurité de l’information et sur ses fonctions " est également à l’étude. Il vise à punir lourdement les " actes de piraterie " commis sur le réseau : utilisation frauduleuse, plagiat et publication illicite d’œuvres. Les peines prévues vont de trois à six ans de prison et de 35 000 à 150 000 euros d’amende. Ce texte obligerait également les fournisseurs d’accès à répondre à toutes les demandes de cette " brigade électronique ", tels l’accès aux messages e-mails ou à toute autre information diffusée sur le Net. Le refus serait passible de peines de un à cinq ans de prison.
Avant d’ouvrir un cybercafé, les investisseurs turcs doivent signer un document les engageant à " interdire tout accès à des sites séparatistes, intégristes, islamistes ou pornographiques ". Ils doivent également obtenir une autorisation auprès de la police.
Au début du mois d’août 1998, un adolescent de 18 ans, Emre Ersoz, a été reconnu coupable d’" insultes envers la police nationale " sur un forum Internet et condamné à dix mois de prison avec sursis et cinq années de mise à l’épreuve. Sur un forum administré par le fournisseur d’accès Turknet, il avait effectivement insulté la police nationale après avoir participé à une manifestation sévèrement réprimée par les forces de l’ordre. Turknet a dû fournir les adresses physique et virtuelle de l’adolescent.
En 1999, en Anatolie, la police a effectué plusieurs descentes dans des cybercafés. Lors de l’une de ces " visites ", les agents ont rassemblé près d’une centaine d’adolescents et les ont conduits dans une grande salle pour leur " faire la leçon ".
Fiche technique :
Population : 64,5 millions
PIB par habitant et par an : 6422 dollars
Population urbaine : 74,1%
Fournisseurs d’accès à Internet : une dizaine
Internautes : 1,5 million
Quelques problèmes techniques interdisent encore aux Turcs une navigation aisée, mais l’opérateur national Turk Telecom est en train d’installer des lignes à haut débit.