En 1958, l’US Air Force a élaboré des plans pour envoyer une bombe nucléaire sur la Lune. À une époque où l’Oncle Sam était distancé par les Soviétiques dans la conquête spatiale, l’idée était de faire la démonstration de la puissance militaire américaine. Tout bêtement.
Au plus fort de la Guerre froide, l’US Air Force a projeté de faire exploser une bombe nucléaire sur la Lune. C’est ce qu’a révélé le physicien américain Leonard Reiffel, 73 ans, dans une interview exclusive accordée le 14 mai 2000 au journal britannique en ligne The Observer. En 1958, le docteur Reiffel avait été chargé par les militaires d’étudier la faisabilité du projet. L’article de The Observer est passé inaperçu en France. C’est mercurycenter.com qui en reparle dans son édition du 27 décembre, à l’occasion d’une rétrospective de l’année qui s’achève. En 1958, les ...tats-Unis n’avaient pas encore avalé l’humiliation infligée par les "Rouges" qui venaient de mettre en orbite, le 4 octobre 1957, le premier satellite artificiel, le célèbre Spoutnik. Pour laver l’affront et faire la démonstration de la force américaine, l’idée est née dans l’esprit de galonnés tout droit sortis de Docteur Folamour, de faire péter une bombe thermonucléaire sur la Lune.
Leader du monde libre
Le docteur Leonard Reiffel raconte : "On pensait que si la bombe explosait juste à la frontière entre la face éclairée et la face cachée de la Lune, le champignon nucléaire serait éclairé par le Soleil", et du coup serait visible depuis la Terre. L’explosion aurait décillé les yeux de ceux qui pouvaient encore douter de la prééminence du leader du "monde libre"... Dans l’interview de The Observer, Reiffel assure que le projet était "techniquement réalisable". En 1958, la marge d’erreur d’un missile intercontinental chargé d’une ogive nucléaire et lancé depuis la Terre aurait été d’à peine quatre kilomètres. Reiffel révèle avoir rédigé huit rapports sur le "Projet A119" entre mai 1958 et janvier 1959. Mais il ne dit pas pourquoi "A119" a finalement été abandonné. Un peu à l’instar de Robert Oppenheimer, le paradoxal inventeur de la Bombe, Reiffel se dit "horrifié qu’une telle manœuvre visant à influencer l’opinion publique ait pu être envisagée". On le serait à moins.