Un mouvement international de travailleurs atteints de RSI (Repetitive Strain Injury) lance demain une journée anti "mouvements répétitifs". Rien de drôle à cela : avec l’accroissement des équipements informatiques, les maladies professionnelles liées à des troubles musculaires sont en nette augmentation.
Peggy Pierrot |
En une seule journée de travail assidu sur ordinateur, vos doigts peuvent parcourir l’équivalent de dix kilomètres. Le seul problème, c’est qu’ils n’ont pas été conçus pour ça. De même, l’être humain n’a pas pour vocation première de rester des heures dans une même position à contempler un écran. Résultat : les troubles liés aux postures professionnelles ont tendance à se multiplier. "
On dénombrait 1 200 maladies professionnelles de ce type, il y a huit ou neuf ans, raconte le professeur Marcel Francis Kahn, chef du service de rhumatologie à l’hôpital Bichat.
On en dénombre aujourd’hui 10 000." En France, on les regroupe le plus souvent sous l’appellation TMS, pour "troubles musculo-squelettiques". Partout ailleurs, ce type de lésion est surnommé RSI, pour "Repetitive Strain Injury" - lésion due à des tensions répétées. Une dénomination un peu longue, mais qui a l’avantage de prendre en compte l’aspect professionnel de la chose. Bien sûr, il n’y a pas que les usagers des ordinateurs qui en souffrent : les plumeurs de poulets ou bien les ouvriers qui travaillent dans la petite manutention sont exposés depuis longtemps à ce genre de troubles. Mais la démocratisation de l’ordinateur et l’explosion d’Internet multiplient aujourd’hui les victimes potentielles des RSI.
Troubles fortement invalidants
Annie Abrahams est une artiste qui a ouvert un site sur Internet. En septembre 1999, elle ressent des picotements dans le bras droit, et des sensations de froid ou de chaud. Parfois une douleur lancinante. Elle consulte un médecin généraliste français, puis suit des séances de kiné. Rien n’y fait. "La maladie de l’ordinateur n’existe pas chez nous", lui répond-on en substance. Il lui faudra se rendre en Hollande pour que l’on diagnostique qu’elle souffre bien d’un de ces RSI. Les médecins lui proscrivent de travailler sur ordinateur. "La France et l’Autriche sont les seuls pays qui ne reconnaissent pas cette maladie", explique-t-elle sur son site. Ce qui est à moitié vrai. Car la Sécurité sociale française reconnaît certains troubles musculo-squelettiques liés au travail, à condition qu’ils soient référencés comme une pathologie connue. Une douleur musculaire, en revanche, ne constituera pas une maladie référencée. "Cela devrait évoluer, explique le professeur Kahn. Une équipe hollandaise travaille sur l’élaboration de critères afin d’identifier les RSI." Les Pays-Bas se sont préoccupés très tôt de ce problème : on estime à 180 000 le nombre de personnes en arrêt de travail à cause de la pratique intensive du clavier. Des troubles qui peuvent concerner aussi bien les mains que les avant-bras, le dos ou les épaules. Les employeurs hollandais ont même obligation d’installer sur les machines de leurs salariés un petit programme leur rappelant de faire des pauses et des exercices de relaxation à intervalles réguliers. En France, l’INRS (Institut national de recherche et de sécurité) a organisé une conférence sur le sujet avec des patrons de société, afin de leur faire prendre conscience de l’importance d’une bonne ergonomie dans l’environnement de travail. Car si les RSI demeurent mal connues, elles peuvent se révéler, au final, fortement invalidantes. C’est pourquoi la journée internationale de demain incite les internautes du monde entier à laisser leurs mains loin de leur souris. Autant que faire se peut.
Plus d’informations sur les RSI:
http://www.paris.webstub.com/a_la_u...
Journée mondiale contre les troubles liés aux actions répétées:
http://www.ctdrn.org/rsiday/
Site d’Annie Abrahams:
http://www.bram.org/rsi/rsichrono.htm
Institut national de recherche et de sécurité:
http://www.inrs.fr