Comme son nom l’indique, l’Internet Corporation for Assigned Names and Numbers supervise des noms et des chiffres. Soit les deux éléments qui déterminent l’adresse des sites Internet. À chaque site correspond un nom de domaine et une adresse IP (du type : 195.22.167.3). L’ICANN a été créée en juin 1998 à la suite de la publication d’un livre blanc du gouvernement américain. Jusque-là, les règles applicables aux noms de domaine et aux adresses IP étaient fixées au sein de l’université de Californie, leur gestion commerciale tombant dans l’escarcelle d’une entreprise privée, Network Solutions Incorporation (NSI). Celle-ci a perdu son monopole en octobre 1998. Tous les nouveaux gestionnaires de noms de domaine, appelés registrars, doivent depuis cette date obtenir l’aval de l’ICANN. L’organisme a fixé de nouvelles règles de conduite dans l’administration des noms de domaine. Depuis avril 1999, les registrars doivent notamment se conformer aux recommandations de l’Organisation mondiale de la propriété intellectuelle (OMPI). Cette obligation fait d’ailleurs l’objet de critiques, puisqu’elle a permis à l’OMPI de s’ériger en arbitre des conflits entre particuliers et entreprises sur les noms de domaine, en contournant les juridictions nationales.
Tentative de démocratisation
Mêlant universitaires et représentants des mastodontes des télécoms, le conseil d’administration de l’ICANN a décidé de proposer de nouvelles extensions de noms de domaine pour compléter les fameux .com et autres .org. Pourtant, bien qu’elle se présente comme une instance purement technique, l’ICANN a été rattrapée par la politique. Parce qu’elle a son mot à dire sur la porte d’entrée des sites internet (les noms de domaine), elle incarne un poste important du contrôle du Web et se retrouve, de fait, soumise aux pressions de lobbies commerciaux.
Pour accroître sa crédibilité, l’organisme a donc décidé d’ouvrir son conseil d’administration à des membres élus par les internautes. Mais les conditions dans lesquelles s’est déroulé le scrutin - et notamment la présentation de candidats choisis par l’ICANN - n’ont pas fourni la preuve que l’organisme cherchait une réelle démocratisation.