Plus de 1 500 consommateurs floués par un vendeur de matériel informatique viennent d’obtenir justice. L’indélicat a été condamné. Reste à espérer qu’il puisse rembourser les victimes qui s’organisent en ce sens.
Vendredi 6 avril 2001, le tribunal de grande instance de Paris a enfin rendu sa décision dans l’affaire qui oppose, depuis bientôt quatre ans, l’association Remora à la société informatique Shark Micro. Et alors que le verdict tombe, Jean-Luc Paluczak, le président de l’association (qui regroupe 152 victimes) mobilise ses troupes grâce au Net.
Ça mord à l’hameçon
Plus de 1 500 personnes auraient été, selon l’association, arnaquées par la société Shark Micro durant l’année 1997. À cette époque, l’entreprise avait lancé une grande campagne de promotion pour la vente à bas prix de micro-ordinateurs dernier cri. Les clients mordent à l’hameçon, les commandes affluent et la société se retrouve bientôt dans l’incapacité d’assurer les livraisons alors qu’elle a déjà encaissé la totalité des versements : 10 000 francs par commande en moyenne. Résultat : vendredi 6 avril, le juge a condamné Stéphane Morin, l’ex-gérant de Shark Micro, à 30 mois d’emprisonnement avec sursis pour escroquerie et à une mise à l’épreuve d’une durée de trois ans assortie de l’obligation de rembourser les consommateurs floués.
Envolés, les 20 millions
Satisfait par la sentence, Jean-Luc Paluczak s’interroge néanmoins sur l’indemnisation des victimes. Si l’ex-gérant indélicat échappe aux dommages et intérêts réclamés par les victimes, il devra quand même leur rembourser les sommes versées pour l’achat des ordinateurs fantômes. Seulement voilà, l’entreprise est aujourd’hui en liquidation judiciaire et personne ne sait ce que Stéphane Morin a fait des 20 millions de francs (selon l’association Remora) qu’il aurait encaissés, pour du matériel qui n’a jamais été livré. Floués, les ex-clients supputent qu’ils ne récupéreront jamais leur mise. Mais dans l’incertitude, Jean-Luc Paluczak tente déjà de mobiliser les victimes. Après avoir mis le verdict en ligne sur son site web, ainsi que le résumé de l’affaire, il contacte depuis quelques jours les victimes par courrier et par mail. "J’ai déjà envoyé une quarantaine de courriers électroniques, je fais le reste par voie postale. Nous ne savons pas encore quelle suite nous pouvons donner à cette décision. Il faut donc que nous nous concertions", explique-t-il. On lui souhaite bonne chance.