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12/02/2002 • 13h47

Pour un peu, je croirais être né avec Internet !

Avec Cytale, Olivier Pujol essaie de faire de la France un acteur dans le livre numérique.


Transfert
Quand et comment avez-vous découvert Internet ?

Incroyable ! C’était il y a peu de temps (1995, je crois), et je m’en souviens à peine. Pour un peu, je croirais être né avec Internet. De retour d’expatriation, j’ai commencé un cycle de formation au business. Internet était disponible pour tous, et voilà.

Pourquoi vous êtes-vous impliqué dans Internet ? Quel a été le déclic ?

Première implication, comme utilisateur, de façon insidieuse : j’y trouvais des réponses qu’aucune base de données traditionnelle n’avait. Deuxième implication, en commençant le livre électronique ; c’est là que s’est fait le déclic, en découvrant que le Web n’était pas seulement cette série de portails qui me permettaient d’accéder à l’info, pour le travail, mais pouvait être un véritable réseau de transport des livres ; l’équivalent d’un réseau de distribution d’eau pour les mots...

Quand avez-vous compris que cela allait vraiment décoller en France ?

Il y a trois ans, d’abord, en constatant l’usage professionnel. Et, ensuite, il y a un an, en découvrant l’univers des jeux.

Comment avez-vous vécu la période automne 1999-printemps 2000 ? Que faisiez-vous ?

Nous développions un produit, un peu à l’écart de l’agitation qui secouait les marchés. Nous avons regardé, un temps, les offres de sponsoring de l’accès à Internet pour notre livre électronique : les évaluations du coût d’acquisition d’un internaute nous auraient, à l’époque, permis de donner notre équipement ! Nous avons rapidement abandonné cette option, parce que nous n’arrivions pas à trouver un sens économique à tout ça. En additionnant tous les chiffres des marchés, nous arrivions à de telles incohérences qu’il semblait clair que ces propositions ne pouvaient être viables à long terme. Heureusement, d’ailleurs, que nous n’avons pas persisté, sinon nous serions aujourd’hui dans une situation inconfortable.

Comment analysez-vous aujourd’hui cette frénésie de huit mois ?

Les Anglais disent " the blind leading the blind "... Ayant fait partie du mouvement, je suis mal à l’aise pour donner une réponse, mais je vais vous livrer les impressions que j’ai collectées au cours des deux levées de fonds que nous avons réalisées (mai 1999 et mai 2000, soit juste autour de l’époque " frénétique "). Le premier signal a été donné par le succès de certains des "premiers entrants" du Web. L’impression "d’argent facile" a tenté beaucoup d’investisseurs. Un deuxième signal, plus souterrain, a été l’idée que le business de l’Internet serait développé par des jeunes entrepreneurs : développer un business au niveau mondial ne demandait techniquement pas beaucoup de capitaux. Donc, un jeune entrepreneur pouvait se lancer et monter une affaire de dimension internationale. De même, les compétences essentielles paraissaient être la maîtrise technique des toutes nouvelles technologies, la capacité de travail, la capacité d’innovation et le dynamisme, qualités plutôt caractéristiques des plus jeunes. Enfin, les exemples de quelques succès renforçaient l’idée d’un bouleversement des hiérarchies du travail (le cerveau plus fort que la structure, la vitesse plus importante que l’expérience, comme le décrivent les auteurs de "funky business"). Je reste d’ailleurs persuadé que ce dernier point est d’actualité.

Les deux signaux conjugués ont amené simultanément beaucoup de capitaux vers le venture, et beaucoup de jeunes vers l’entreprenariat. Des deux côtés de la balance (demande d’argent et offre de capitaux), on a retrouvé des gens relativement inexpérimentés. Et les attentes des deux bords ont bouleversé l’équilibre traditionnel du marché des capitaux à risques. Il est remarquable de constater que certains VC expérimentés se sont laissés entraîner par le mouvement. Ils n’avaient probablement pas le choix : pour réussir à placer les fonds levés, ils devaient suivre les règles du marché. Enfin, certains marchés ont vu des cotations s’envoler à cause d’un phénomène plus classique : la rareté. Les titres phares circulaient peu, mais nombre d’investisseurs en voulaient un minimum dans leur portefeuille : peu de volume de transaction, mais des prix qui s’envolaient. Ces prix établissaient les références, bien que tout le monde s’accorde à dire qu’ils ne représentaient rien de sensé (j’ai des souvenirs surréalistes de conversations où la cote d’Amazon était critiquée unanimement par tous les membres présents, mais servait dix minutes plus tard de référence de performance pour des valorisations...). On a donc retrouvé tous les éléments d’un cocktail explosif : de jeunes entrepreneurs enthousiastes, persuasifs et dynamiques, des financiers qui souhaitaient les croire, une forte concurrence entre financiers permettant l’envolée des valorisations et des références de marchés en hausse artificielle. Si on ajoute à ceci un sentiment d’urgence qui interdisait à tous de prendre du recul, je crois que la bulle était inévitable. Cette frénésie est donc seulement révélatrice de l’immaturité de l’ensemble du marché (investisseurs et entrepreneurs) face à une nouvelle technologie qui ouvrait une multitude d’opportunité entreprenariales. Il est d’ailleurs symptomatique de constater que les variations du Nouveau marché ont largement excédé les variations du Nasdaq, révélant la différence de maturité des deux marchés.

Quel a été, selon vous, le signal de la chute des dotcoms ?

En Europe, c’était probablement un signal venu de l’Ouest (...tats-Unis). Là-bas, je ne sais pas. À vrai dire, le signal exact me paraît peu important. Je crois que les marchés étaient arrivés à ce que les ingénieurs appellent "la limite élastique". Les valorisations cumulées des entreprises n’avaient plus de sens, la valeur perçue de l’internaute non plus. Un phénomène similaire s’est produit dans les années 80, quand le dollar a chuté brutalement en quelques jours, après des mois de hausse que tous qualifiaient d’insensée. À quoi doit-on attribuer le début de la chute ? Je ne sais pas.

Que faites-vous aujourd’hui ?

La même chose qu’avant, sereinement. Cytale se développe. Nous avons eu la chance de rester à l’écart de la frénésie. De fait, notre société souffrait de l’ombre des dotcoms. Notre modèle de développement d’entreprise et de marché est très traditionnel : nous développons un produit physique et des services complexes, pas seulement un service Internet. Notre cycle de développement, plus long que celui des dotcoms, paraissait plus laborieux et moins attirant. Nous avons travaillé pendant trois ans à construire de l’actif, et c’est seulement maintenant que nous pouvons commencer à aller chercher les marchés (les clients, pas les marchés financiers). Ce modèle de développement était la règle depuis 200 ans : "Si ce que nous faisons était facile, d’autres le feraient en même temps que nous ou à notre place." Il est passé dans l’ombre pendant quelque temps, mais il revient à sa place.

Croyez-vous toujours autant à Internet ?

Oui, sans aucun doute. D’ailleurs, Cytale ne peut RIEN faire sans Internet. Je pense que le Web a été développé, jusqu’à maintenant, par ceux qui en avaient déjà l’usage et que nous avons tous projeté notre vitesse d’adoption sur les autres. Oui, le Web va continuer à se développer, mais à une vitesse plus modérée que ce que nous avons tous imaginé. Les premiers marchés sont conquis, les autres viennent, mais plus lentement. Par ailleurs, je pense qu’il faut maintenant associer systématiquement le développement d’Internet et le développement des moyens de communication (en gros, les télécoms et l’Internet). En particulier parce que le Web permet l’acheminement de contenus, qui pourront donc s’affranchir de la logistique coûteuse des objets physiques. Mais ce système ne fonctionnera à plein qu’avec un développement simultané des offres de contenu (livres, journaux, musique, images, vidéo) et des moyens de profiter de ces offres efficacement (terminaux adaptés, tuyaux à débit suffisant, moyens de connexion sans fil ou mobile, prestataires de services de connexion ou de contenu clairement identifiés). Par exemple, nous pouvons dès maintenant proposer à un utilisateur de se procurer un livre (soit de une à cinq heures de loisir) en moins de dix minutes tout compris, avec un simple modem analogique. Ce service est donc accessible dans l’état des réseaux télécoms dès maintenant et partout dans le monde. Pour passer à l’étape équivalente en musique ou en vidéo, il faudra attendre que les marchés soient équipés des moyens de connexion qui permettent le même service.

Croyez-vous au commerce en ligne ? Croyez-vous à l’avenir du Web non marchand ?

Le commerce en ligne est une évidence. L’offre est là, indiscutable pour certains secteurs du commerce. Les moyens de paiement sont là. Le paiement par carte de crédit n’est plus une question de "croyance" aujourd’hui. Pourquoi en irait-il différemment pour le commerce en ligne ? Par contre, tout le commerce ne se fera pas en ligne. Je ne crois pas à la désintermédiation absolue. Elle heurte mes instincts profonds d’animal social. Le commerce en ligne ne s’imposera que dans les secteurs où la désintermédiation est un avantage réel. Cet avantage est soit une économie financière, soit une facilité accrue. Mais le Web n’est pas toujours plus facile, et l’absence de contact humain doit être considérée comme un coût qui peut, selon les clients et la nature de la prestation, contrebalancer les avantages du Web. Par exemple, j’achèterais volontiers du vin ou de l’eau, ou des produits de première nécessité en grande quantité sur le Web, mais pour ce qui est du lapin que je cuisine ce dimanche, et du vin qui l’accompagnera le mieux, je préfère aller voir le boucher et le suppôt de Bacchus.

L’avenir du Web non marchand est indiscutable. Ne serait-ce que pour le mail, les newsgroups et les communautés. Il correspond à un besoin très fort de notre société, qui est la création d’un tissu social non limité par la distance. L’appartenance à un groupe est dictée plus par une parenté intellectuelle que par une proximité géographique. Et le Web permet de communiquer cette parenté, de créer les liens et de les entretenir. Par ailleurs, professionnellement, j’utilise beaucoup le Web sans y faire de transactions marchandes !

Comment voyez-vous les années à venir ?

Le numérique et Internet n’ont pas encore réellement pénétré dans les foyers, particulièrement en France. Avec le développement de nouveaux terminaux, et l’adoption (lente) de nouveaux usages, Internet va continuer sa progression. Je vois quatre types de comportements se développer. 1– Le Web "ludique", qui regroupe les jeux et la pornographie : l’internaute est face à un ordinateur, pendant des heures, et c’est un loisir à part entière, tout se passe "online". Dans beaucoup de cas, une forte puissance de calcul et de hauts débits sont nécessaires. 2 – Le Web "communicant" qui regroupe le Web mail et les communautés (chat, newsgroup...) : l’utilisateur a besoin de n’importe quel outil, de préférence nomade, et d’une saisie de texte pratique (d’où l’intégration de la reconnaissance d’écriture dans le livre électronique). 3 – Le Web "pratique", qui offre des services équivalents au Minitel (pas le "rose", mais l’autre) mais plus puissants : informations, achats, livraison de contenus. L’internaute a besoin d’un outil simple et flexible qui permet une interaction intuitive, sans apprentissage (le livre électronique, dans sa fonction webpad est typiquement l’un de ces outils). 4 – Le Web "professionnel", mélange d’Intranet complexes et de prestations de services pointus et payants : l’internaute le consulte avec tous types de terminaux (ordinateurs, agendas, téléphone, livre électronique...).

Une précision : la notion de "online" n’aura bientôt plus de sens. Déjà, avec ADSL, la question est plutôt de savoir si l’internaute s’approprie le contenu, ou s’il consulte une copie unique et évolutive, ou s’il interagit avec d’autres internautes. Le Web "ludique" et "professionnel" seront le terrain de l’escalade des moyens (contenus riches, ressources graphiques ou ressources de calcul fortes, applicatifs puissants, processeurs costauds, mémoires infinies, renouvellement constant des équipements). Le Web "communicant" et le Web "pratique" vont définir un mode d’usage simple, d’une information qui ne gagne rien à être trop enrichie, mais qui doit être compréhensible et UTILE. Les équipements échapperont à l’escalade technologie et pourront maintenir des prix bas. Il se dégage de tout ceci une constante : l’interopérabilité des équipements. L’exemple typique est le web-mail. Je veux pouvoir consulter TOUS MES MAILS du bureau, et sauvegardant les fichiers attachés, de chez moi ou en vacance à partir d’un livre électronique, ou d’un agenda, ou d’un téléphone, ou d’un point d’accès Internet quelconque.

Croyez-vous toujours dans ce qu’on a appelé la "netéconomie" ?

Oui, bien sûr. Mais j’ai quand même l’impression qu’elle a fait bouger l’économie traditionnelle et que les deux se sont déjà fondues l’une dans l’autre. À vrai dire, je ne sais plus bien faire la différence.

Quelles vont être, selon vous, les futures grandes échéances et que vont-elles apporter ?

Premièrement, le développement des solutions de communication sans fil ou mobiles : beaucoup de solutions actuelles sont encore rébarbatives parce qu’il faut attacher des fils partout. Sans fil ou mobile, le côté "magique" donne vraiment l’impression que c’est simple, et les clients ont besoin de ça pour se sentir concernés par le numérique et l’Internet. C’est comme pour la voiture : je ne veux pas avoir à être un mécanicien pour pouvoir conduire. Et pour certains, changer un pneu, c’est déjà un travail de spécialiste. Deuxièmement, le développement de services de communication simples et transparents : mobile (GSM, GPRS, UMTS), analogique (téléphone mural, téléphone sans fil), connexion ADSL, ITINERIS, sans fil (DECT, Bluetooth, 802.11) connectés au réseau mobile ou filaire, courants porteurs... Tout ceci est incompréhensible pour l’utilisateur, et est vendu par des agents différents. C’est logique aujourd’hui, parce qu’il s’agit d’infrastructures ou de compétences différentes. Mais le client a besoin d’une représentation simple : "Pour utiliser tous mes moyens de communication, combien dois-je payer pour quelle qualité de service, et je voudrais une seule facture, mais détaillée." Troisièmement, une charte internationale des droits d’auteurs est essentielle pour définir les modes d’appropriation des contenus et les règles d’usage. Le piratage est une menace réelle (invasion de l’Internet marchand par l’Internet non marchand), mais il existe également des modes de consommation de contenu (location, prêt, consommation partielle, etc.) qui sont plus appropriés que les modes actuels, mais qui ont besoin d’être définis clairement pour que les AUTEURS puissent comprendre et choisir librement LEUR façon d’être "consommés" (lus, écoutés, regardés).

Internet en France - 7 Ans d'aventures
 
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