"Pour les consommateurs, c’est le recul le plus destructeur de l’histoire des médias américains"
La Federal Communications Commission (FCC), l’équivalent américain du CSA, a modifié lundi les règles de la concurrence régissant le secteur des médias. Les seuils d’audience ont été revus à la hausse. Une même société peut maintenant posséder des chaînes de télé couvrant 45 % de la population (contre 35% auparavant), et détenir dans la même ville un quotidien papier et une chaîne de télé, ce que l’ancienne loi ne permettait pas. Dans certains grands "marchés" - le territoire américain est découpé en zones médiatiques -, une même personne pourra contrôler trois chaînes de télé hertziennes, huit stations de radio, un système de télé par câble et un nombre illimité de chaînes, ainsi qu’un quotidien papier.
La décision a soulevé de vives critiques aux Etats-Unis, la plupart axées sur les problèmes de concentration, et donc de diversité d’opinion, posés par ces nouvelles règles. Jonathan Adelstein, membre Démocrate d’une FCC contrôlée par les Républicains, affirme que la colère des consommateurs "va exploser quand ils s’apercevront que les chaînes feront la course au sensationnalisme, au consumérisme, à la violence, à la vulgarité, à l’homogénéisation et qu’elles assureront une couverture beaucoup moins sérieuse de l’info et des événements locaux". Adelstein ajoute : "C’est le recul des règles de protection du consommateur le plus vaste et destructeur de l’histoire des médias américains." Le sénateur démocrate Byron Dorgan a quant à lui promis "une orgie de fusions-acquisitions."
Le cercle des opposants à cette décision regroupe des personnalités et organisations aussi différentes que les magnats des médias Ted Turner et Barry Diller, des associations religieuses, de droits civiques ou de défense des consommateurs, des petits émetteurs, des écrivains, des musiciens et la National Rifle Association (le lobby des armes à feu)...