1er/02/2001 • 12h35
Politiques, les absents
archmag11
C’est à croire que ce n’est pas un sujet important. C’est à croire que le mot « fracture numérique » n’est pas d’actualité, rabâché en leitmotiv par des penseurs en manque.
Que la numérisation de la société ne pose aucun problème. C’est à croire, surtout, que la plupart des politiques, notamment les candidats aux municipales, n’ont pas compris la nature des enjeux. Les élections municipales ont lieu le mois prochain et le silence persiste sur l’entrée des villes dans l’ère d’Internet. ...ventuellement - mais seulement quand ils sont interrogés -, les candidats lâchent quelques mots flous sur « cette nouvelle culture si importante » ; ou il s’interrogent, avec leurs interlocuteurs, sur « ces citoyens qui pourraient rester sur le quai ». Guère plus. Je ne parle pas, bien entendu, des quelques élus branchés qui, de Parthenay à Montreuil, en passant par Issy-les-Moulineaux ou Metz, font ce qu’ils peuvent depuis déjà longtemps. Mais les autres ? Avez-vous, dans les programmes que vous avez reçus dans vos boîtes aux lettres, lu autre chose que des platitudes sur l’informatisation, l’accès au Réseau ? Cela reste un sous-thème de campagne. Pas une priorité.
Pourtant, les six prochaines années vont être cruciales. La France va-t-elle, ou pas, prendre le train d’Internet, derrière les Suédois, les Norvégiens, les Allemands ? Les maires ont un rôle primordial à jouer. En facilitant l’accès au Web par des salles informatiques municipales et en le rendant utile, grâce à des offres services en ligne. ...viter d’avoir à se déplacer pour retirer un formulaire ou examiner le cadastre. Aider les écoles à accéder au Réseau, pour que tous les mômes, d’où qu’ils viennent, soient égaux devant l’ordinateur. Veiller à ce que ces machines qui nous envahissent ne polluent pas notre environnement au terme de leur vie (lire notre dossier, page 42).
Même sur l’affaire Yahoo !, on n’a que peu entendu les politiques. Le débat, ouvert notamment sur le forum spécial de transfert.net, n’a pas eu lieu chez nos élus. Pitoyable. On attendait des discussions, des prises de position sur des thèmes aussi forts : la liberté d’expression a-t-elle des limites ? Y a-t-il une morale mondiale ?... Résultat ? Rien. Nada. Abonnés absents.
Pourtant, en mars, vous allez nous demander d’aller voter, Messieurs les candidats. Il faudra bien en choisir un. Et on choisira, bien sûr, dans le secret de l’isoloir. Avec cette question dans la tête : a-t-il seulement compris l’époque dans laquelle nous entrons ? Sans prise de position forte, sans acte fort pendant la campagne, vos convictions resteront, pour nous et sur ce point précis, très virtuelles.
|