Sans doute. Car le calcul est vite fait : pour distribuer un film normal, il faut réaliser des copies sur peliculle, les envoyer dans le monde entier (c’est volumineux, fragile et lourd), puis les récupérer pour les réexpédier à un autre cinéma, etc. Pour distribuer un film numérique, il suffit de faire parvenir un simple CD, voire même de gérer des téléchargements par ligne à haut-débit. Les coûts s’effondrent. Les délais aussi. La qualité ? Elle n’est pas, soyons honnête, encore exactement la même sur un très grand écran. J’ai assisté à une projection numérique, à Los Angeles, sur un écran de 7 mètres de large, et cela semble encore la limite acceptable. Aujourd’hui. Et demain ? Il n’y a aucune raison pour que cela ne s’améliore pas. La vrai frein est le niveau d’équipement des complexes : Warner va distribuer son film dans 11 cinémas aux ...tats-Unis, et 5 de plus entre le Canada et la Grande-Bretagne. Pas plus, car il y a très peu de salles équipées. Et la plupart des propriétaires de cinémas ne sont guère enclins à passer au numérique : ils viennent souvent de rénover leurs equipements, en dépensant des fortunes, et aimeraient pouvoir amortir leurs investissements. Normal.
Ce qui pourrait faire accélerer le mouvement ? L’amélioration de la technologie, bien sûr. Mais aussi, peut-être, des déclarations comme celle de George Lucas, le producteur-réalisateur de La Guerre des ...toiles qui a annoncé, avec un certain sens de la provocation (il va sans doute changer d’avis...), que son prochain film ne sera distribué qu’en numérique. Après tout, les avantages sont nombreux pour le réalisateur : il peut filmer en numérique (et donc faciliter les incrustations d’effets spéciaux) et la diffusion avec ce nouveau format lui permet d’être certain du rendu des couleurs et bien sûr de la qualité de la copie.
Demain, dans cinq ans ou dans dix ans, le numérique sera, on prend le pari, la solution la plus répandue pour la diffusion des films. L’industrie du cinéma va connaître sa seconde révolution, après celle du parlant. Et le plus étonnant, c’est que le spectateur ne s’en rendra presque pas compte...