Un nouveau système de vidéosurveillance va être mis en place dans un lycée de Neuilly. Le conseil général finance entièrement ce projet à titre expérimental.
Méthode choc pour banlieue chic. C’est au lycée Saint-James de Neuilly-sur-Seine que le Conseil général des Hauts-de-Seine va tester son tout nouveau système de vidéosurveillance en milieu scolaire. Cinq caméras seront installées sur les grilles d’entrée du bahut et sur les zones d’intrusion possible. "Elles sont toutes tournées vers l’extérieur, aucune vers la cour de l’établissement", précise d’emblée Philippe Schwartz, président de la société Crayon noir e-médias, chargée de l’installation du système. La mise en route officielle devrait intervenir avant début avril. "C’est un système hertzien de caméra de surveillance, une première pour un lycée en France, poursuit le patron de Crayon noir, visiblement très fier de son joujou. Le hertzien permet de réduire les coûts, car il n’y a pas de câbles entre les caméras." Celles-ci sont, soi-disant, "intelligentes", elles se déclenchent par infrarouge uniquement en cas de mouvement suspect. "Si un chat passe la grille, le système ne se met pas en route. En revanche, si c’est une personne, oui. Nous avons agencé plusieurs logiciels de surveillance suédois, israéliens et français, afin d’obtenir ce résultat." Toutes ces belles images seront envoyées, par une ligne Numéris, vers le Bureau de surveillance du Conseil général, présidé par... Charles Pasqua. Tout un programme.
Accord de la CNIL
Conseillé par son nouvel ami Jean-Louis Arajol (ex-syndicaliste policier, ex-membre du Réseau Voltaire), l’ancien ministre de l’Intérieur a fait financer entièrement le projet par le Conseil général. L’opération sera ensuite étendue à une quinzaine d’autres établissements. Pour Philippe Schwartz, "il n’y a pas de souci à se faire concernant la vie privée. La Cnil a donné son accord, il n’y aura pas de constitution de fichiers et les images ne seront conservées que 24 heures". Selon la société, trois mois de réunions ont été nécessaires pour choisir le système et informer toutes les personnes concernées : rectorat, municipalité (Nicolas Sarkozy, maire de Neuilly, approuve, mais ne paie pas), parents d’élèves et équipe pédagogique.
Pas de problèmes de sécurité à Saint-James
Autre son de cloche du côté des profs. "J’ai appris ça en rentrant des vacances de février", explique un enseignant du lycée Saint-James, qui préfère rester anonyme. Et d’ajouter : "Il faut relativiser. Jean-Louis Arajol en a profité pour faire sa petite promo, mais il n’y a pas de problèmes de sécurité à Saint-James." Neuilly n’est pas exactement l’archétype de la banlieue difficile. "Le problème, c’est que l’établissement est situé au sein d’un grand parc. Mais qui reste sous la responsabilité de la municipalité dès que le lycée ferme. Le mari de notre proviseur a été agressé au premier trimestre, un samedi après-midi, mais cela n’a rien à voir avec les élèves. En fait, cette vidéosurveillance assure plus la sécurité passive devant l’établissement, que la discipline interne du lycée." Bref, beaucoup de bruit pour rien.